La CCC (Courmayeur – Champex – Chamonix) fait partie des courses au programme de l’évènement UTMB à Chamonix. Sur le format 101KM / 6100m D+, elle emprunte les 100 derniers kilomètres de l’UTMB.
Nous avons décidé avec Sylvain de retenter
l’aventure après une première expérience en 2014 sans succès. Difficile de
résister .….
Je débarque à Chamonix avec famille et amis quelques jours avant la course. Au programme, gastronomie locale (à base de fromages) et balades/randos autour de Chamonix (lac Blanc, glacier d’Argentière, aiguille du midi,…) avec des points de vue sur le massif du Mont-Blanc. A chaque fois on est scotché par ces paysages. Cela me permet aussi de passer du temps en altitude (entre 2000 et 2500m).
Sylvain nous rejoint le mercredi soir.
Vendredi 26 aout, départ de Courmayeur
(Italie)
7h15: nous rejoignons les bus de
l’organisation qui effectuent le transfert de Chamonix vers Courmayeur
(départ) en passant par le tunnel du Mont-Blanc. L’horaire est confortable et
permet une nuit d’avant course presque normale.
8h20: nous arrivons sur la ligne de
départ et nous entrons dans le 3ème sas. Nous sommes 2129 partants et il y a
trois vagues espacées de 15mn. Les premiers partent à 9h00 et nous à 9h30
(avec les derniers). Les règles que nous nous sommes fixées : se
préserver sur la première moitié de la course (jusqu’à Champex), s’hydrater
le plus possible (grosse chaleur prévue), y aller étape par étape et ..….
arriver au bout.
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9h30: Notre course commence. 1er
objectif : rejoindre la Tête de la Tronche (2571m), environ 9km de montée
en sortant de Courmayeur.
Nous sommes
nombreux sur ces chemins et nous subissons le rythme imposé par les coureurs
qui nous précèdent. Vers le milieu de la montée (1435m D+ quand même), en
sortant d’une zone complètement ombragée, nous faisons un pause ravitaillement
dans un espace dégagé et presque plat.
En
poursuivant notre ascension, nous sommes parfois ralentis par des coureurs plus
lents avec des pauses de quelques secondes. Pas grave pour le moment car nous
sommes en mode « se préserver ». A ce moment de la journée, il y a
suffisamment d’air et la chaleur est relative (on est autour de 2000m
d’altitude).
Tête de la Tronche à 12h49 (KM 10, Atl.
2571m) :
Sylvain passe
quelques mètres devant moi au sommet. Je bascule en 3h16 et comprends pourquoi je ne suis pas fatigué. On entame la
descente vers le refuge Bertone.
Le sol est
très sec et des petits nuages de poussière se forment sur le passage des
groupes de coureurs qui profitent de ces portions roulantes.
Arrivé au
refuge Bertone (KM 15), je croise Sylvain qui a pris un peu d’avance. C’est la
dernière fois qu’on se verra pendant la course. Chacun gère désormais sa course
à sa façon. La chaleur est au rendez-vous et chaque cours d’eau est l’occasion
de tremper la casquette et de se mouiller le visage.
Sur la route
du ravitaillement d’Arnuva (KM 27 limite Italie/Suisse), je commence à penser à
la montée qui suivra, celle du Grand Col Feret (en Suisse). J’ai encore des
souvenirs de 2014 et d’une grosse fatigue lors de l’ascension.
Arnuva 16h09 (KM 27):
Je ne
m’arrête que 10mn à Arnuva et reprends ma route. Je fais une petite halte
« ravito » à mi-montée, je m’assoie sur l’herbe et contemple le
paysage. D’autres coureurs font de même. Je repars au bout de 5mn et fini la
montée sur un rythme régulier et d’une traite.
Quand le soleil est là, c’est magnifique. Ce
parcours offre des paysages à couper le souffle.
Grand col Feret 18h04 (KM 32, Atl. 2537m):
La difficulté
que je redoutais est maintenant derrière moi, une longue portion en descente se
profile devant moi (environ 20km avant de remonter sur Champex). C’est bon de
pouvoir dérouler sur plusieurs km après toutes ces montées.
La Fouly 19h34 (KM 41,5):
Je passe ce
ravitaillement avec 1heure d’avance sur la barrière horaire. A peine le temps
de remplir ma réserve d’eau, avaler quelques aliments salés et je repars.
Sur la route,
c’est aussi l’occasion de partager des moments avec d’autres concurrents. Je
suis interpelé en anglais, en espagnol et en portugais. Je me suis vu discuter
en anglais avec un coureur avant de m’apercevoir qu’il était français,
l’anglais est assurément la langue
officielle. Il y a 67 nationalités représentées avec principalement l’Espagne,
l’Italie, l’Angleterre, la Pologne et beaucoup d’asiatiques (Japon, Chine, Hong-Kong).
Sur la montée
de Champex, je me sens « barbouillé », commençant à avoir des
problèmes pour m’alimenter.
Champex – Lac 22h10 (KM 56, Atl. 1470m) :
Arrivé à ce
ravitaillement, je tente de m’alimenter en prenant mon temps (soupe, pates,..)
sans succès, rien ne passe. Je décide de me servir un thé chaud et de continuer
ma route sans savoir ce qu’il adviendra.
Un peu à
l’écart de la civilisation, j’avale ce thé et je me vide l’estomac (technique
expérimentée involontairement par Sylvain sur les Templiers).
Je repars le
ventre vide pour attaquer la montée de la Giète (800m D+). L’abandon me
traverse l’esprit 1/10 de seconde, compliqué de se projeter pour la suite dans
ces conditions (reste 40km avec 3 grosses montées). Il sera toujours temps
d’abandonner plus tard au prochain ravito.
La Giète 01h59 (KM 67, Atl. 1884m) :
Je recommence
à m’alimenter petit à petit et cela semble tenir. Super, cela me
« rebooste ».
Chemin
faisant, voilà que je commence à somnoler et cela n’a pas l’air de partir. Cela
correspond à mon heure de couché habituelle.
Triente 03h02 (KM 72, Atl. 1300m) :
J’arrive à ce
ravitaillement avec 1heure d’avance sur la barrière horaire. Finalement, je ne
perds pas de temps sur cette fichu barrière. Je prends le temps (10/15mn) de
m’allonger sur un banc à l’extérieur du ravito, me couvrir et fermer les yeux.
Même sans dormir, cela me permet de repartir requinqué à l’assaut de Catogne
(720m D+).
Je reprends
goût aux boissons énergétiques, la pente est régulière, tout va bien.
Catogne 05h03 (KM 77,5, Atl. 2027m) :
C’est parti
pour la descente vers Vallorcine, tous les voyants sont au vert.
Je suis resté
en tee-shirt malgré la nuit en montagne, je n’ai pas froid.
Vallorcine 06h24 (KM 82,5, Atl. 1263m) :
J’arrive au
ravito, ça sent bon l’arrivée!!
« José »,
« José » : c’est cool d’avoir son prénom sur son tee-shirt SFR !
C’est Hervé
C. qui est là avec un pote pour m’encourager, ça fait du bien. Il faut vraiment
être mordu, il est quand même 6h du mat !
Pendant la dernière difficulté (la Tête au Vents, 857m D+), je suis obligé
de faire un arrêt « réparation » sur le pied gauche. Deux grosses
ampoules ne me permettant plus de forcer sur mon pied gauche. Cela doit être
suffisant pour finir dans les temps.
Donc, je
poursuis en marchant sur les 10 derniers km. C’est frustrant car il y a une
grande descente entre Flégère et Chamonix.
Flégère 09h56 (KM 94, Alt. 1870m):
J’ai
l’impression de marcher sur des œufs sur toute la descente mais une fois arrivé
dans Chamonix, on traverse l’Arve, il ne reste plus que 700/800m. C’est à ce
moment que je me met à courir, c’est plat et j’oublie la douleur à mon pied
gauche.
La foule est
présente jusqu’à l’arrivée, je double une dizaine de coureurs. Il y a une
sacrée ambiance (il est 11h du mat), les gens applaudissent, on a l’impression
d’être « champion du monde ».
A quelques mètres de l’arrivée, je
vois mes proches venus m’encourager. Ils ont l’air aussi heureux que moi de cet
heureux dénouement. Sylvain est présent, en tenue civile, cela fait presque 3
heures qu’il est arrivé.
Je passe la ligne d’arrivée, je
suis finisher en 25h54 (class. 1189/1386). Perf pour Sylvain qui est arrivé en
22h56 (class. 682/1386). La course a fait des dégâts avec 743 abandons sur les
2129 partants.
C’est un bonheur qui fait oublier
tous les moments compliqués qu’on a eu à gérer pendant la course. La
satisfaction du travail accompli. Je pense aussi aux encouragements reçus des
collègues de l’AS et notamment à Hervé qui doit encore être quelque part en
train de motiver un pote sur une course!!