vendredi 7 février 2014

Les TEMPLIERS 2013 (le grand, le vrai, le difficile)

Par Sylvain CORNIC


Juin 2013,

après 80KM dans le massif du Mont-Blanc, nous décidons avec mon compère pour poursuivre cette belle saison de nous inscrire à l'Endurance TRAIL des templiers : 106KM / 4800m D+ dans l'Aveyron, aux alentours de Millau.

Il a toujours de bonne idée le compère ... 

Sans vouloir faire de la délation, méfiez-vous des idées de courses de José DOS REIS : moi je ne le fais pas assez ...


24 octobre 2013,

nous sommes enfin à Millau. Le WE commence plutôt bien, suite à une très bonne gestion de ma part de la réservation à l'hôtel IBIS, nous nous retrouvons surclassé au MERCURE avec vue sur le VIADUC ...

  
Nous récupérons le dossard après avoir fait le tour de la ville car décidément la ligne droite était trop courte ...

Finalement, le Trail ne fait plus 106 KM mais 100,3 KM, mais le D+ passe de 4800m à 4960 m : il faut bien compenser. 


25 octobre 2013 - 03:55 

nous sommes sur la ligne de départ : il fait nuit, le vent souffle mais pas de pluie pour le moment...
1 heure plus tard, un peu de bruine, le reste de la journée sera plutôt ensoleillé avec du vent, beaucoup,  entrecoupée de quelques passages de bruine. Nous avons eu de la chance.

On entame rapidement la première montée, arrivé au sommet, je suis en nage. 
On descend : plutôt technique la descente, d'ailleurs un moment d'inattention me rappelle que dans le vol plané le plus dur est toujours l'atterrissage ... pas le temps de s'attarder, la course ne fait que commencer, et je repars ...

Je vous épargne la succession des montées difficiles et des descentes encore plus piégeuses, dans un cadre absolument somptueux sur lequel je ne m'attarde que trop rarement pour ne pas confirmer une nouvelle fois la difficulté liée à la pratique du vol plané ...

Morceaux choisis :

Moment sympathique: 

je rencontre un belge sympathique et extrêmement volubile qui visiblement trouve son énergie dans le fait de parler ... au bout de quelques minutes, il comprend que je suis plus introspectif dans l’effort et se trouvera un nouveau partenaire pour discuter. Nous aurons l'occasion de nous recroiser à de nombreuses reprises dans la journée, et la dernière fois que je l'ai vu vers 21:00,  il parlait toujours ...


Moment compliqué :

vers 12:00, mon corps par le biais de mon estomac se rebelle : une bonne purge, je lui fais comprendre qui est le chef et je repars. J’espère avoir gagné la guerre, mais il me prouvera par la suite qu'il maitrise à merveille la guérilla et à partir de 15:00 ne se fera plus oublier ... je parviens néanmoins à continuer avec de l'eau et du thé ...


J’arrive à passer les barrières horaires avec 1:00/1:15 d'avance : je suis plutôt satisfait. En repartant du 74.2 KM, je me dis que cela doit le faire ... mais le Trail, c’est comme la chasse, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant ….

Après avoir passé ce qui me semblait être la difficulté de cette étape c'est-à-dire grosse montée puis grosse descente, nous longeons la DOURBIE sur quelques kilomètres de nuit sur un chemin rocailleux en devers dont j'ai l'impression de ne pas voir le bout ... c'est l'enfer ce passage mais la pensée du ravito me fait tenir. J’arrive enfin à Massebiau au KM 90 vers 20:30, avant d'attaquer la dernière montée  ... déception : le ravito est au sommet ...

Début de l'ascension la mort dans l'âme, et à 21:00, plus rien ne va  : je m'arrête incapable de faire un pas de plus, 1 minute plus tard, je me persuade d'en faire 3, mais je ne peux pas plus ... Après de nombreuses tentatives pour repartir, toutes en échec, je n'y arrive plus. Tant pis, j'appelle le PC sécurité : qu'ils se débrouillent pour me sortir de là ... 

Le monsieur fort sympathique au demeurant après avoir compris que je n'étais pas blessé mais uniquement en panne, m'explique que vu l'endroit où je suis j'ai 2 possibilités : je finis l'ascension et j'abandonne ou je descends et j'abandonne... 

Il poursuit en me décrivant les difficultés qu'il doit me rester à passer si je poursuis vers le haut, bien sûr sans vouloir me décourager et conclue en disant "c'est quand même dommage d'abandonner arrivé là" ... et là, vous me croirez ou pas, mais après un cacheton de sportéïne (dont j'avais oublié l'existence ...) je me persuade de me remettre debout et de faire un pas ... puis un autre, ...Etc...Etc... Au bout de quelques minutes, je me rends compte que je ne suis plus si mal que cela et continue...


Arrivé au sommet, il n'est plus question d'abandonner, une soupe, un  thé et un verre d'eau et je repars dans la descente ... j'écris descente, mais en fait ce qualificatif ne s'applique qu'à la première portion de l'étape... Le terrain devient de plus en plus technique avant de remonter abruptement pour faire un crochet par une grotte que l'on traverse (les photos de jour sont jolies, de nuit, je ne vois pas grand-chose). 
En sortant de la grotte, le terrain est encore plus compliqué quasiment jusque la fin ... Je fais la dernière partie en courant du moins c'est l'impression que j'en ai, et arrive à MILLAU au bout de 19:45:58 ...


J'y retrouve mon compère qui malheureusement n'a pu franchir la barrière horaire de Massebiau dans les temps.

Nous allons manger avant de nous diriger vers les navettes qui doivent nous ramener au centre-ville : Mais ayant pitié du chauffeur qui dormait, nous ferons le parcours à pied jusque notre hôtel ... quand on aime ...



En conclusion, c'est une superbe course, très technique pour moi et extrêmement casse-pattes. Mais le cadre et l'ambiance valent le déplacement. L'organisation et les bénévoles sont vraiment sympathiques et à la hauteur de l’événement : y compris le PC sécurité ;)