dimanche 20 novembre 2011

Les 10km de Meudon

Elles sont deux, elles nous ont fait confiance et elles se sont alignées au départ de leur première compèt’ après 6 semaines de coaching.

Et nous ne sommes pas peu fiers de leur résultat ! Non seulement elles sont arrivées au bout, mais en plus avec le sourire, des chronos loin d’être bidons, et prêtes à y retourner !


10km de Meudon - 20 novembre 2011
Classement
Temps
Nom
Dossard
415
00:58:25
CARPENTIER  Nathalie
N°423
500
01:04:25
BUCHY  Isabelle
n°422


Isabelle un petit commentaire sur ta première expérience en compétition ?

"En fait, la course, j’avais la trouille. Un peu comme un concours, un entretien d’embauche...
En grimpant la Côte des Gardes pour me rendre au départ, je me demandais : qu’est-ce que tu viens faire là ?  Je n’avais qu’une idée en tête : des courses, de la compétition, je n’en avais jamais fait.
Et puis, effectivement, cette  trouille, c’était celle d’un premier rendez-vous, un rendez-vous pris avec moi histoire juste de savoir si j’allais y arriver.

La course en elle même, je ne l’ai pas vécue, les souvenirs sont brumeux.
C’est parti très vite !, au 3e km j’ai eu un mauvais point de côté... Et puis l’horreur des kms 7 et 8…
J’avais l’impression de m’être trompée d’histoire et de ne rien avoir à faire là, que j’aurai mieux fait d’emmener mes mômes au Parc Astérix…bref des pensées pas très positives.

Heureusement le coach nous avait prévenues et je me suis accrochée ; j’ai trouvé les ressources pour terminer et convaincre la machine de continuer à avancer, et même d’augmenter un peu la vitesse.
Jusqu’aux 500 derniers mètres où tu donnes ce qu’il te reste et pendant lesquels, le souffle court, tu luttes pour ne pas franchir la ligne d’arrivée en marchant !
Et tu fais bien ! car à l’arrivée la joie compense largement les efforts consentis !

Donc, oui au final la course, j’ai adoré, j’y repense encore !
Et même mieux que cela, avec Nathalie nous prévoyons d'autres courses !"

vendredi 28 octobre 2011

L’Endurance Trail du Festival des Templiers.


Millau, Aveyron, France, 21/10/2011, Par Seb Trublin

Depuis tout petit j’aime bien me déguiser, je ne sais pas pourquoi mais c’est comme ça.
Alors quand on m’a dit qu’il existait la course des Templiers je me suis dit chouette, monte au grenier chercher ta panoplie de chevalier et inscris toi.
C’est ce que j’ai fait…. Mais quand j’ai vu le parcours de 106km avec 4500m de D+ à travers les Causses, j’ai laissé tomber  la côte de maille, le casque, le bouclier et l’épée…et j’ai sorti le sac à eau, le sifflet, la couverture de survie et les Salomon™ , beaucoup plus adaptés pour mener à bien cette croisade !

20 octobre c’est le jour du grand départ, direction l’aventure, les paysages à couper le souffle, la douleur à couper les jambes ?, le plaisir !!!.
Tiens d’ailleurs, «  le plaisir est-il décuplé par la douleur ? » :  ce fut l’un des sujets du bac philo pour les élèves de terminale S…M.
Et plutôt que de cogiter des heures interminables dans une salle de classe surchauffée par les rayons d’un soleil de fin de printemps caniculaire, nous (Nabil El Mansouri, Eric Chupin, Yann Verlynde, Guillaume Dupré, Edgar Simon, Henri Pouget, JF Magne et moi), les représentants de la section running de l’AS Groupe SFR (une section dynamique, pleine de vie et de gens sympa, tout ça pour seulement 60€ par an douches incluses, inscrivez-vous, il n’est jamais trop tard), sommes allés nous rendre compte sur place si la théorie était confirmée par la pratique.

Le sujet étant énoncé, il faudra bien ces 106km, 4500mD+ et une bonne journée de course pour poser sa réflexion et argumenter sa dissertation. (Pour ceux qui étaient au fond de la classe vous pouvez  sécher  le cours et aller tout droit à l’essentiel en bas de page):

 Cours de philosophie (et d’ultra trail)
(Honteusement pompé sur Wikipédia :
et amendé à ma sauce :-). De là à dire qu’entre course à pied et philosophie il n’y a qu’un pas…:
« La sensibilité, nous l'avons vu, est la faculté d'éprouver du plaisir et de la douleur. Qu'est-ce donc que le plaisir et la douleur? On ne saurait donner à cette question une réponse parfaite. On peut seulement déterminer les caractères du plaisir et de la douleur, et en chercher les causes.
Ces états de conscience présentent trois caractères essentiels:
1. Le plaisir et la douleur sont des phénomènes affectifs, c'est-à-dire se produisent en nous sans que nous intervenions. Quand nous les éprouvons nous sommes passifs. Il n'y a pas, à vrai dire, d'absolue passivité dans la vie psychologique. Nous réagissons bien soit pour affaiblir la douleur, soit pour augmenter le plaisir, mais la passivité n'en prédomine pas moins dans les faits de ce genre. (et pour faire l’inverse il faut être inscrit à l’AS Running)
2. Le second caractère de ces faits est leur nécessité. Ils se produisent fatalement. Nous ne pouvons les empêcher de naître. Ils sont la conséquence nécessaire d'un évènement antérieur: nous ne pouvons les modifier qu'en modifiant l'évènement qui les a causés. (ou en souscrivant une assurance annulation lors de son inscription en ligne).
Cependant par la volonté, nous pouvons détourner le regard de notre conscience du plaisir ou de la douleur, ou les rendre plus intenses en fixant sur eux notre attention; nous pouvons trouver dans la douleur même des plaisirs très délicats: la mélancolie (ou le trail) par exemple; mais malgré ces différentes influences que nous avons sur ces sentiments, nous n'en sommes jamais maîtres absolus. C'est là l'illusion des stoïciens et des épicuriens, qui ont cru pouvoir par la seule volonté, supprimer la douleur. (effectivement nous avons essayé, après le 100e km  ça ne fonctionne plus…)
3. Le troisième caractère de ces sentiments est la relativité. Tout ce qui est sensible est relatif, ce qui est plaisir pour l'un est douleur pour l'autre(cf  « la crampe » dans Pulp Fiction…). L'homme qui s'est livré aux travaux manuels y trouve toutes ses joies. L'homme qui a vécu dans les exercices intellectuels ne voit dans les travaux du corps qu'une fatigue, une souffrance. (tout à fait :  Le traileur érudit type de la section running pense au bout du 80e km  qu’il faut être demeuré pour s’embarquer dans des courses pareilles, mais après le franchissement de la ligne d’arrivée, sous le joug de l’endorphine et du plaisir du défi relevé, ledit traileur n’a qu’une envie : y retourner)
Passivité, Nécessité, Relativité sont donc les trois caractères des phénomènes affectifs (Et de l’ultra trail).
Cherchons maintenant leur cause. Suivant certains philosophes le plaisir ne consiste que dans l'absence de la douleur. On ne peut avoir de plaisir sans connaître la douleur; ce sont deux ennemis, et l'on ne peut pourtant avoir l'un sans l'autre. C'était déjà l'opinion de Platon. [Note: Phédon]. Plus récemment, Schopenhauer a repris cette thèse dans l'ouvrage Le monde comme volonté et représentation. La douleur est suivant lui le fait positif, primitif. Le plaisir est seulement sa cessation. En effet dit-il, pour éprouver du plaisir à posséder quelque chose - par exemple, il faut commencer par avoir désiré ce quelque chose, par avoir trouvé qu'il nous manquait. Or ce manque est douloureux: le plaisir sort donc de la douleur. (voilà, c’est ça :  pour bien apprécier l’ultratrail, faut d’abord commencer par avoir ultra mal aux quadris)
Cette doctrine a de tristes conséquences: si le plaisir n'est que l'absence de la douleur, s'il nous faut acheter la moindre jouissance par une souffrance préalable, la vie est bien sombre, et il ne vaut guère la peine de rechercher ce plaisir qu'il faut pour ainsi dire payer comptant. A tout le moins la vie serait elle indifférente. Mais le plaisir compense-t-il même exactement la douleur? Egale-t-il les souffrances supportées pour l'obtenir? Schopenhauer croit que non. La vie vaut-elle dès lors la peine d'être vécue? Le philosophe allemand, fidèle à la logique, n'hésite pas à répondre: Non. (Faut quand même pas pousser, bon, à sa décharge ils n’avaient pas de runnings au 19e siècle, Schopenhauer n’a donc pas pu faire de trail, donc pas pu trouver de plaisir, donc trouver que la vie ne vaut pas d’être vécue…CQFD)
D'après une autre doctrine, la cause du plaisir serait dans la libre activité. […]Voici cette théorie: Nous jouissons quand notre activité se déploie librement. Nous souffrons quand elle est comprimée. (et dans le trail, perdus au milieu de nulle part, en pleine nature, on jouit vraiment d’un sentiment de liberté !) Où trouver en effet une cause de plaisir, sinon dans la liberté? Le plaisir de l'être c'est son action propre, [Greek phrase]. Cette théorie d'ailleurs explique fort bien la plupart des faits. Les exercices musculaires (comme le trail), les couleurs brillantes (comme celles de mes chaussures de trail), les études (comme la préparation du roadbook), les plaisirs intellectuels (comme lire le magazine Ultrafondus) nous plaisent parce que nos divers modes d'activité y trouvent leur déploiement. Il est donc certain que l'activité libre est au moins la principale cause du plaisir (donc trail=plaisir).
Mais est-ce la seule? La théorie précédente ne rend pas compte de la douleur qu'on éprouve après une grande dépense d'activité dirigé toujours dans le même sens (comme monter 400mD+, descendre 300mD-, monter 350D+, descendre 400 D-, monter 450D+,…). Pas plus qu'au commencement l'activité ne rencontre pourtant d'obstacle. C'est que pour produire le plaisir l'activité doit être encore non seulement libre, mais variée (monter, descendre, monter, descendre, monter descendre,…); il faut pour être agréable qu'elle change de forme (forêt, pierrier, montagne, village pittoresque,...). Cela seul explique le vif plaisir reconnu de tout temps et causé par le pur changement. En outre, cela explique le plaisir qu'on éprouve au repos, dans l'inaction (autrement dit la récup’): l'activité alors n'a pas encore pris de forme. Aussi dans l'imagination, elle semble pouvoir en prendre une infinité, et c'est justement cette variété qui fait le plaisir de l'inaction (Ok, mais à un moment faut quand même y aller ! sinon on termine en jogging devant téléfoot…). […]
La libre activité et la variété sont donc les deux causes du plaisir (Sans oublier  le trail). »
Stuart Mill. Philosophy of Hamilton. Chap. XXV
Hamilton's Lectures (où sont écrites et développées les théories d'Aristote et de Platon) II, Lect. XLIII
Bouillier. Du plaisir et de la douleur.
Aristote. Morale à Nicomaque, Livre X.
Platon. Phédon, [title unclear], Philèbe.



En conclusion donc, nous nous accordons tous à dire que :
  •          La nuit, le départ à 4h du matin par 1°C c’est tôt, qu’il fait tout noir et qu’il fait froid.
  •          Que nous étions venus pour relever un défi : franchir la barre symbolique des 100km.
  •          Que nous savions que ce serait difficile.
  •          Que l’ultra des templiers ça se mérite.
  •          Que les Cévennes sont magnifiques.
  •          Que les Causses sont somptueux.
  •          Que nous n’avons pas été déçus !
  •          Que nous avons trouvé ce nous étions venus chercher…


Cet Ultra nous aura également rappelé que l’humilité est la première des qualités dont il faut faire preuve en trail :
Chacun de nous est passé par des moments (très) difficiles et a dû aller chercher des ressources au plus profond de lui pour continuer d’avancer : je pense à Yann qui, blessé au 30e km, a continué jusqu’au bout à la force de la volonté, à Eric qui aurait voulu continuer mais s’est fait rattraper au 83e km par la barrière horaire, à Henri complètement hagard au dernier ravito du 98ekm mais qui repart et nous autres Jeff, Guillaume, Edgar et moi pris de doutes dans les portions interminables du parcours entre le 83e et le 98e km…).
Pour autant ces turpitudes demeurent bien peu de chose face à l’esprit d’équipe dont chacun a pu faire preuve, face à  la beauté et à l’immensité des paysages, face  à l’expérience humaine que représente un tel défi !
Finalement le détournement fantaisiste des théories philosophiques ci-dessus n’est peut-être pas si loin de la vérité que cela et mérite peut-être relu avec attention  ;-)
Car si le plaisir est décuplé par la douleur, si c’est dans la difficulté que l’on reconnait ses vrais amis,  c’est dans l’ultratrail que l’on sait sur qui l’on peut compter !
AS Running SFR : accélérateur d’émotions !

Classement
Nom Prénom
Temps
42
EL MANSOURI Nabil
15:18:42
119
MAGNE Jean-François
17:57:08
118
TRUBLIN Sébastien
17:57:08
295
DUPRE Guillaume
20:29:52
296
VERLYNDE Yann
20:29:53
308
SIMON Edgard
20:39:29
309
POUGET Henri
20:39:31
non classé
CHUPIN Eric
11:53:19 de course

mardi 20 septembre 2011

Triathlon La Baule 2011


Dernier triathlon de la saison, et premier triathlon dans la mer, que dis-je dans l'océan pour Jean-Félix, Philippe et moi. Arnaud était là également, sur le triathlon Découverte (le petit tri quoi) mais ça ne compte pas pour lui car il a déjà eu son baptême d'eau de mer à l'Ironman de Nice.
Philippe, Sébastien et J-Félix

Format Olympique : 1,5 km de nat / 40 km de vélo /10 km de run -> direction la côte nantaise pour ce triathlon qui accueil également les finales sprint du Grand Prix de France de triathlon. Le spectacle y est assuré notamment pas les frères Brownlee qui font toujours (ou presque) premier et deuxième.

Mais assez parlé des pros, parlons de nous et du team SFR. Grande première donc de nous retrouver sur la plage, face à l'océan au coude à coude avec 1200 autres triathlètes.
Bonnets roses, combi noires, bouées jaune, mer bleue, spectacle magnifique.

Le temps est suspendu le sac et le resac nous berce, le calme avant la tempête... soudain le coup de feu retenti et c'est parti, 1200 enragés partent à l'assaut de vagues et ça fait de la mousse !

Finalement, le départ sur la plage a son charme et surtout ça ne bastonne pas dans l'eau, bon je ne dis pas que je ne suis pas monté sur le dos d'un ou deux gars, et vice versa, mais dans l'ensemble ça reste calme, pas comme à Pont Audemer notre premier tri de la saison...
Pour autant n'allez pas croire que c'était le bain de mer dominical de papi/mamie, la nage sur un triathlon c'est toujours un grand moment de fraternité sportive...
Bref je nage, ça remue un peu, les vagues ne sont pas immenses, mais l'océan n'est pas une mer d'huile non plus. Je fends les vagues, je bois la tasse... Surtout ne pas paniquer, chercher à reprendre de l'air sans ralentir (sinon je me fais monter dessus). Je prends sur moi, je me reconcentre sur une relative belle glisse, je cherche le geste qui économise... ça y est, c'est bon tout refonctionne correctement 1..2...respire...1..2...respire...1..2..

Je passe l'embouteillage à la bouée : la première est la plus compliquée à négocier ; ensuite le troupeau (ou plutôt le banc) s'étire, on peut prendre son rythme, revenir à un crawl en trois temps, glisser dans l'eau fendre la houle, quelle sensation !
Allez c'est la dernière ligne droite... dernière bouée... dernier virage voici la plage. Remontée sur la promenade, et voici le parc à vélo, le parc est immense et le temps que je reprenne mes esprits je passe mon vélo sans le voir...demi tour !

En avant ! Pour 40 km de vélo qui passent d'autant plus vite que le drafting est autorisé (cela veut dire que l'on peut rouler en pack et profiter de l'effet d'aspiration en "suçant" la roue du vélo de devant). Ce qui n'est pas plus mal car si le soleil est présent, Éole s'est invité...dans le dernier tour je me colle avec trois autres gars et nous nous relayons jusqu'au retour au parc, l'effet d'aspiration est bluffant !
Séb 
Félix
Philippe avant de chuter violemment à vélo
Retour sur la promenade... voici l'arbitre... pieds à terre et en avant jusqu'à mon emplacement où je chausse mes runnings.

Plus que 10 km à courir au bord de la plage et c'est terminé. Mon Félix me reprend au bout d'1,5 km ... ah ah c'est pas encore sur ce coup là qu'il m'aura sur vélo ... j'en profite car quand il saura nager sans ses brassards ce sera une toute autre histoire !


Tape amicale, on aura encore l'occasion de se croiser 3 fois sur le parcours en aller /retour sur la jetée, de se toper la main et de s'encourager.
Allez, c'est le dernier kilomètre, petite accélération portée par les acclamations du public venu en masse ce dimanche et c'est la fin de ce superbe triathlon.

Triathlon La Baule 
1,5 km
40 km
10 km
Nom
Place
Temps Total
Tps natation
Tps vélo
Tps run
CHEVASSU J-FELIX
143
02:27:20
00:38:52
01:11:17
00:37:12
TRUBLIN SEBASTIEN
276
02:33:17
00:33:49
01:14:35
00:44:54

Triathlon La Baule Découverte
700 m
20 km
5 km
Nom
Place
Temps Total
Tps natation
Tps vélo
Tps run
BIHANNIC ARNAUD
151
01:15:41
00:17:17
00:39:59
00:18:26

samedi 10 septembre 2011

UTMB 2011, le récit de Ben.


UTMBééééééééééééééééé !!! (à dire en beuglant un bon coup !).

Enfin, voilà mon CR de The North Face Ultra Trail du Mont Blanc 2011, un trail running de 167 km (porté à 170 kms) pour 9500 m de D+.

Retour en Janvier 2011, j’ai la chance d’être tiré au sort pour participer à cette course mythique, dès cet instant, l’objectif de l’année 2011 devient naturellement et instantanément ce fameux WE de la fin août.

Autant dire que l’entraînement va être axé sur des sorties natures, des montées, des descentes, des courses préparatoires orientées trail.

Pour être complet, je séquence mon année en deux quadrimestres (janv-avril & mai-15 août). Le premier quadrimestre est perturbé par une tendinite tenace qui me tiendra éloigné de mes objectifs liés à la VMA, mais j’arrive quand même à « enquiller » 900 km, avec un Ecotrail (80 km) et un marathon de Paris. Le deuxième quadrimestre est totalement trail, avec une montée en charge à hauteur de 1200 km sur 3 mois et demi, et 3 trails recensés : Ardéchois (57 km), Annecimes (81 km) et Trail des Moulins (50 km).
Sauf qu’à Paris, il n’y a pas de montagne, ça induit des séances pas super fun, avec beaucoup de répétitions montées – descentes, l’apprentissage des bâtons (un peu ridicule quand vous traversez Issy-les-Moulineaux les bâtons à la main…), et un horizon limité à la forêt de Meudon, Parc de St-Cloud, mais bon, c’est le prix à payer pour relever ce gros, très gros challenge.

Tout ça nous amène au mois d’août… Mon copain Nono (Arnaud) me servira de sherpa lors de cet ultra-trail. Après une année monstrueuse pour lui sportivement parlant (2 x Ironman, plusieurs Tri, ultra trail, marathon, etc…), il sera de la partie à Chamonix.

Mercredi 24 août : Gare de Lyon 7h00 du mat’, grand départ pour Genève, l’équipe est à l’heure (Jeff sur la CCC – 93 km au programme, Nono & moi) avec le paquetage.
Voyages sans encombres, nous arrivons en Suisse puis transfert vers Cham’ pour le premier contact avec l’UTMB : le dossard…

C’est déjà quelque chose, car les coureurs de toutes les courses ont rendez-vous au même endroit pour retirer leur précieux sésame. Imaginez un grand hall, avec une file d’attente façon Disneyland, vous vous croyez arrivés, mais non, ça bifurque, ça tourne, bref, allez, après 1h30 d’attente, contrôle du matos.

Suite à des évènements malheureux sur d’autres trails, le matos obligatoire a été renforcé et fortement contrôlé pour ma part (pas Jeff et sa bouille de winnie l’ourson). Bien que l’on soit tous sceptique sur l’ensemble du matos à transporter (parce que c’est lourd et que l’on cherche à minimiser le poids sur 35 – 40 h d’effort), l’organisation avait raison, les conditions météo à venir valideront ces choix.

Ces formalités effectuées, me voilà avec le sésame et le tee shirt des réjouissances :
Pour faire court, le programme du mercredi après-midi à vendredi soir (heure de départ) sera rythmé par… de la glande totale.

Notre seule préoccupation à Nono et moi, c’est de se reposer et de manger des pâtes, allons-y pour les DVD, L’Equipe, la sieste, et les restos pour des pâtes donc, sous toutes les formes et avec toutes les sauces. Sans oublier la photo avec la star interplanétaire du trail : King Kilian !

Le vendredi 26 sera rythmé par le changement d’horaire du départ et par un œil attentif à la météo.
On se pose pas mal de questions quant à savoir si le parcours va être modifié ou non, rallongé ou raccourci, c’est un peu le désert en terme de communication, et ça cogite…

De 18h30 initialement, le départ se trouve repoussé à 23h30 afin que l’on passe après l’orage, mais pendant la pluie quand même, trop facile sinon ! Avec en plus, de la neige dès la première grosse montée en altitude, autant dire que la première nuit, on va prendre cher…
Photo des fidèles chevaliers au moment de quitter une chambre d’hôtel où il fait chaud et sec, match du Barça à la téloche, lit confortable, tandis que dehors c’est l’apocalypse !

Direction le gymnase afin d’y poser le sac d’allègement où nous avons mis des affaires sèches, de la nourriture, un peu de pharma, bref, tout ce qui peut nous servir ou pas à mi-course.

Puis, afin d’être placés devant sur la ligne de départ, nous rejoignons le sas, ~ 1 bonne heure avant le GO officiel. Ça passe vite, l’appréhension, la crainte, l’inconnue me gagnent. On se répète qu’il faut gérer, ne pas partir vite, bref, la check list de base sous la flotte avec la musique de Christophe Colomb dans les oreilles, qui est l’hymne de la course, en répétition.
23h30, top départ… petites foulées dans les rues de Cham’ sous les encouragements d’une foule compacte, hurlante, admirative devant ces coureurs de l’extrême.


Avec Nono, on reste ensemble, la tactique est simple, on gagne ensemble, on perd ensemble (jusqu’au changement de tactique après 30h de course, mais on y reviendra…), on ne se lâche pas à moins de 2 m. On chemine tranquillement (allez 12 km/h ~, p’têt 13 parfois) jusqu’à St Gervais (km 21).
Je ne me rappelle même plus avoir grimpé Délevret et ses 750 m de D+, j’ai l’impression d’avoir traversé un tunnel de 21 km, tellement je suis concentré sur la première difficulté : la Croix du Bonhomme, 2443 m d’altitude, il y a de la neige, montée praticable mais raide, il pleut toujours…
Mon premier gros test pour jauger mes jambes, mes ressources physiques et mon matos. Je suis attentif à tout ce que dit Nono, je me repose totalement sur lui et me cale sur ses pas. Il connaît, je ne connais pas, donc je ne fais pas le malin et je suis (du verbe suivre) le « pro ».

A mon grand étonnement, ça se passe bien, faut dire que je m’en suis fait une montagne (sans jeu de mot), et c’est passé ! Au sommet de la Croix du Bonhomme (km 45), c’est terrible, vue dominante sur les crêtes, le jour se lève, il y a des montagnes partout, je suis comme un gosse ébahi !

Mon pote a quelques soucis physiques, la tête tourne, le souffle court, une sorte de mal des montagnes qui le frappe dès que l’on atteint un certain niveau d’altitude (entre 2000 & 2500 m). On passe en mode pause, récupération, on ralentit, on marche sur les balcons du sommet avant d’entamer la descente des Chapieux. Ah cette fameuse descente, je repense aux conseils de Félix et de Nono, gaffe aux chevilles, cette descente est traître…
Effectivement, c’est moyennement praticable, il ne pleut plus (et à cette altitude, je devrais dire, il ne neige plus), mais le sol est assez boueux ce qui ne facilite pas les appuis.
Première erreur de ma part, dans l’euphorie de ma montée, je décide de tester la course sur cette partie pentue. Du fait de la boue, des racines, des pierres, je sollicite plus que de raison mes quadris… Sur le moment, je suis bien, je vole, je me retourne, j’attends Nono, et dès que la jonction est faîte, je repars tel un petit chamois…
Sauf qu’arrivé en bas de la montagne, 900 m de D- ramassé sur 5 km, je sens déjà les quadris qui tirent, et ça c’est très mauvais signe.

Nono n’est pas au mieux, le teint pâle, la tête qui tourne, mon sherpa n’y est pas. Et les réjouissances qui arrivent, montée au Col de la Seigne (km 60) à plus de 2500 m d’altitude n’est pas l’idéal pour récupérer.
En même temps, on le savait avant de venir, c’est un parcours exigeant, difficile, un truc de costaud !
Pour corser le tout, la montée au Col de la Seigne se fera sous une tempête de neige !
Après 55-60 km de course, le mental a été bien testé (voir entamé) et le physique a déjà été soumis à rude épreuve.
Avec Nono, on se projette sur Courmayeur distant de 18-20 km (ce qui équivaut à plusieurs heures de courses, on est en montagne, remember…). Nous sommes au petit matin, après une première nuit blanche et je commence à réaliser ce qu’est un ultra !
Une lutte de tous les instants avec les données suivantes : le corps les éléments météo, le mental, la montagne.
Vous avez des hauts, des bas que ce soit géographiquement par rapport à un col, ou bien vous-même dans votre « moi le plus profond » pour paraphraser un copain runner.

Ce monstre du Col de la Seigne enfin passé, on descend (on ne fait que ça là-bas, tu montes, tu descends direct, pour remonter, etc…) vers le lac Combal (km 65), magnifique paysage, il a arrêté de neiger, on se sent revivre !

On se reprend 500 m de D+ pour l’arrête du Mont Favre (km 69), avant une descente vers Courmayeur que j’imagine paisible, facile avec en ligne de mire le sac d’allègement et l’envie de faire un break salvateur.

C’est sans compter le piège vers lequel je me dirige tout droit, aveuglé par l’atteinte de Courmayeur dans les plus brefs délais.
Un point sur lequel je me dois d’être précis et qui sera également une des causes de ma perte, c’est le chrono.
Je m’y arrête quelques instants… En plus de finir l’UTMB (et c’est une autre erreur de ma part, je pensais que c’était acquis d’office de finir un truc pareil, vous avez raison, je suis barge !), on voulait avec Nono, claquer ça en 35h !
Donc pendant toute la course, je me suis focalisé sur ce 35h et mon rythme s’en est trouvé influencé notamment dans les descentes où j’ai « envoyé » quelques fois.

Come back dans la course, en haut de l’arrête du Mont Favre, 9 km de descente pour 1 200 m de D- s’annoncent à nous pour arriver en Italie à Courmayeur.
La 3ème erreur de ma course (la 1ère c’est la descente des Chapieux, la 2ème le chrono des 35h), c’est de courir plus que de raison.
Cette descente est terrible, avec des marches, des virages à angle droit, des racines, des pierres le tout dans une pente prononcée.

J’arrive à Courmayeur 5 min avant Nono, mais je suis fumé comme un saumon. Il est 14h le samedi midi et les cuisses sont cuites, courbatures, low battery, mental entamé. On en est au km78 et j’affiche une armada de clignotants rouges.

La pause d’1h10 ne sera pas salvatrice, j’ai eu beau me changer, l’énergie me manque et je repars en souffrance sous le soleil italien, pour un gros gros morceau : Bertone (km 82) !

4 km de montée, 800 de D+ sous un soleil de plomb, waouuuuuh
Là je morfle, mais je serre les dents, Nono semble revivre avec le soleil et prend un peu d’avance. On se retrouve un peu avant le sommet et on arrive ensemble, pfiouuu, quelle vue !!!!

Le Mont Blanc du côté italien, MAGNIFIQUE ! ça restera l’image de ma course, je vous fais partager ci-dessous cette vue :
Je reprends du poil de la bête en longeant les balcons de Bonatti et Arnuva, les 13 km à venir sont propices à la course et on remonte quelques concurrents avec Nono.
J’ai toujours mes douleurs aux quadris et je laisse une partie de mes dernières forces sur cette partie roulante, avant d’affronter un autre très gros morceau : le Grand Col Ferret (km 99) !

Nono me briefe, on y va tranquille, on est en fin d’après-midi, grosso-modo, on est dans le timing qui est de passer ce morceau avant la nuit.

Qui dit passage en altitude dit Nono qui a du mal à finir la montée, mêmes symptômes qu’au petit matin, tête qui tourne, souffle court, mal au ventre. Aie, ça le reprend, avec moi qui suis fumé, c’est un peu l’hécatombe à ce moment-là !
Les paysages sont déments, en tout état de cause, c’est sublissime de telles vues.
La fin de la montée se fait dans la brume, le froid, le vent, il ne faut pas traîner ici et redescendre rapidement vers La Peule, Ferret & La Fouly.
L’arrivée en Suisse est sévère, quand je quitterai ce pays, ce sera en car mais ça je ne le sais pas encore, même si je sens la fin inéluctable proche…

Nono a du mal à enchaîner la transition montée – descente, personnellement, je transite bien, mais pour pas longtemps. Il doit être vers les 20h, la nuit ne va pas tarder, et je ressens une grosse fatigue physique. On a atteint plus de 20 h de course, les conditions météo ne nous ont pas épargnées et il reste un peu moins de 70 km, avec la nuit qui arrive…
Je ne baille pas et je ne m’endors pas, mais je me surprends à tituber parfois, je ressens le poids de la fatigue sur les épaules et dans mes jambes.

La descente vers la Fouly (km 110) devient rapidement un chemin de croix pour moi, le début de nuit m’achève, en même temps que s’évanouissent dans le ciel étoilé mes dernières forces physiques et mentales.

Je me transforme petit-à-petit en zombie, je ne parle plus, et je sors mentalement de la course à chaque pas.
Je me dis que ça va passer, les fameux hauts et bas, sauf que dans mon cas, ça dure et ça se renforce.

A la Fouly, il reste 60 km, ce qui me semble inconcevable ! Nono essaie de me remonter le moral, mais c’est 2 jambes qu’il me faut et dormir !
On décide de repartir tout de même, c’est assez apocalyptique à la Fouly, il y a des coureurs allongés à même les bancs, ou en train de dormir assis à table, un vrai mouroir !

Après la Fouly, on s’enfonce dans la nuit noire, quasi pas de coureurs, personne, on fait un peu de ville, on longe une rivière, on se contente de suivre les balises (enfin moi, je suis Nono, j’ai débranché depuis un bout de temps).
J’ai l’impression que la course s’est arrêtée ! Je m’attendais à ce qu’il y ait de la montagne à gravir tout le temps, et le fait de passer dans des jardins publics, en pleine ville, me sors totalement de la course.
J’ai même le sentiment que l’UTMB fait une pause, je suis surpris qu’il faille continuer, comme je suis surpris de ne pas voir de coureur alors que le ravito était plein. Mais où sont-ils partis ?,  nous serions-nous perdus ?
Non car il y a les balises et Nono reconnaît les passages, je suis déstabilisé, en souffrance, proche de craquer mentalement, c’est-à-dire de m’arrêter là, plus envie de bouger, rentrer à Paris par tous les moyens.

Je cherche au plus profond de moi des motifs pour continuer, une moindre once de motivation, rien ne sort.
Je touche du doigt l’abandon, pour la première fois sur une course.

Tout ça nous emmène quand même à Champex-Lac (km 124), à peine arrivé je me dirige vers le pc course pour quérir des informations sur les abandons. Je ne franchis pas le pas grâce à Nono et à un massage bienfaiteur, où je suis à la limite de m’endormir sur la table, il est quelque chose comme 1h30 du mat’.

On repart, next step dans 13-14 km, une éternité qui prendra 4h à errer en ville, sur le bitume, à marcher car il m’est impossible de courir, à crapahuter dans un sous-bois, où mes muscles sont tétanisés, où j’ai envie de hurler ma souffrance. Ma décision est prise, à Martigny (km 137), je mettrai fin à tout ça.
Je passe rapidement sur ces 4 h les plus difficiles de ma vie de coureur, je n’ai pris aucun plaisir ainsi que globalement toute cette 2ème nuit (blanche même s’il fait noir de chez noir dehors).
C’est avec soulagement que j’arrive à ce ravito, illico, je remets ma puce à la fille du pc course, qui essaie de m’en dissuader, mais c’est mon dernier mot.
Je rends les armes, je veux arrêter ce supplice.

J’entends Nono me crier « nonnnn », mais je n’écoute pas, plus, c’est fini, je n’en peux plus, je suis vide, vide de mental, vide de physique.
Il s’en trouve vexé, et je le mets dans une sacrée galère, car il va finir en solo.
Je comprends tout à fait sa réaction, mais j’avais atteint la limite, celle où je mets ma santé en danger.

J’ai trop donné au début, mal géré des descentes techniques où je réalise maintenant que je ne suis pas un chamois, et ce satané chrono, 35h de m…, que d’erreurs ! J’ai payé pour apprendre et j’ai pris cher.

Donc c’est à 33 bornes de l’arrivée (~ 9h quand même à tirer), à 6h du mat’ dimanche 28 que je tire ma révérence de l’UTMB.

Je jouis de ce moment dans le bus qui me ramène à Cham’, à moi la douche, le lit, des vêtements secs.
Mon côté warrior en a pris un coup, il est au fond du sac pour un bout de temps maintenant.

Je sms à mes amis et ma famille pour les rassurer que mon abandon est volontaire et pas lié à un accident.

C’est fort dommage, car je n’ai pas mesuré l’engouement de mes proches qui ont passé le WE devant le pc, à se lever à tour de rôle, à laisser le pc allumé et s’envoyer des sms à n’importe quelle heure pour me « pister » sur l’UTMB.

En parallèle, Nono continuera et finira comme un champion qu’il est, impressionnant, régulier, indestructible, respect mon frère d’armes !

Deux semaines plus tard, je ne regrette pas, j’étais vraiment au bout du bout, et c’était impossible pour moi d’enquiller encore 9h d’effort.

Je retiendrai que j’ai battu mon record de km parcourus en course (137 km et non plus 111 km), et qu’avec un peu plus d’expérience, les 33 km n’étaient pas inatteignables.

J’ai pioché trop tôt dans mes réserves mentales et physiques, il faut se forcer à marcher quand on se sent bien même si c’est praticable et tentant d’envoyer. C’est comme ça que l’on dure sur un ultra, que l’on arrive à passer 2 nuits blanches et une journée de course pour atteindre le graal, en étant un p’tit peu frais à l’attaque de la deuxième journée.

Ça m’a donné encore plus la gnac pour retenter ma chance au tirage au sort de la prochaine édition, je pense avoir acquis quelques infos tactiques, stratégiques pour orienter ma préparation différemment et pouvoir gommer ces 33 km manquants.

Ce n’est pas infaisable, il faut être prêt physiquement, mentalement, savoir gérer pendant la course, et préparer plus en amont celle-ci (bien analyser le parcours et ses difficultés).
Maintenant que j’ai fait une « reco » de 137 km, je me sens un peu plus prêt qu’il y a deux semaines…

UTMBééééééééééééééééééééé !!!!!!!

Ben.

Résultats UTMB et CCC des coureurs de l'AS :



UTMB
170
km / 9600m D+
Nom
Place
Temps
Arnaud BIHANNIC
365
14:51:46
Benoit BLONDEL
S'est arrêté au km 137 après 30h de course, mais motivé pour finir l'an prochain !
CCC
93
km / 5100 D+
Nom
Place
Temps
Jean-François MAGNE
204
15:23:48
Damien DEVILLE
364
16:51:14