jeudi 14 avril 2011

Marathon de Paris, dimanche 11 avril 2011

BRAVO à tous pour vos exploits, car finir un marathon c’est déjà une victoire !
Mention spéciale à tous les nouveaux marathoniens : bienvenue dans la cour des grands :-)
Bravo également à nos élites, 4 coureurs sous la barre mythique des 3 h, c’est ENOOORME ˆˆ





Nom
Place
Temps
Vitesse moy
Christophe NOCLAIN
272
02:49
15 Km/h
J Félix CHEVASSU
308
02:50
14,9 Km/h
Benoit BLONDEL
474
02:55
14,5 Km/h
Arnaud BIHANNIC
724
02:58
14,2 Km/h
Julien LEGAY
2014
03:13
13,1 Km/h
Sylvain CORNIC
7572
03:43
11,4 Km/h
Jean-Baptiste FEYT
8520
03:45
11,3 Km/h
Emeric VIRTON
8923
03:49
11,1 Km/h
Johan MAUSSION
9319
03:51
11 Km/h
José DOS REIS
10488
03:55
10,8 Km/h
Olivier LE ROUX
12035
04:00
10,5 Km/h
Jean David SAMBATH
12502
04:02
10,5 Km/h
Omar MERZOUK
16972
04:23
9,6 Km/h
Olivier BARBERE
19206
04:34
9,2 Km/h
Philippe ALLEX
19616
04:37
9,1 Km/h


Quelques photos de nos héros du jour :

















Y a pas à dire, ils sont beaux dans leur TShirt Rouge J

Trail Sainte Victoire. Dimanche 3 avril 2011. Par Fred Prost

L’édition 2011, c’est 59 km et 3200 m de dénivelé.
Une course très technique avec montées et descentes vertigineuses sur un terrain ou le calcaire est omniprésent, qu’il soit sous forme de cailloux de toutes tailles ou sous forme de lapiaz (ciselures superficielles creusées par les eaux en terrain calcaire)

 Le parcours de l’édition 2011 et quelques repères

Cette année, les organisateurs ont vu les choses en grand : Le parcours traverse le massif de part en part, agrémenté de 3 montées et descentes. Soit l’équivalent de monter 27 fois les 119 mètres de la tour Séquoia (à pied).

C’est donc avec nettement plus d’appréhension que l’année précédente que j’aborde l’évènement. Certes, je suis nettement mieux préparé mais, en contrepartie le parcours fait 10 kilomètres de plus… Rien que de me remémorer l’état dans lequel j’avais terminé, je redoute la souffrance qui sera, quoiqu’il arrive, inévitable…

Le départ est lancé aux alentours de 8h.
Plus de 400 coureurs s’élancent pour « mater » Sainte Victoire qui promet de ne pas se laisser dompter facilement. Dès le départ le soleil est présent et commence déjà à chauffer… Une dure journée s’annonce.


Le départ est rapide, comme tous les départs… Cette fois, je ne me laisse pas porter par l’engouement et réduit volontairement mon allure. Des coureurs me dépassent mais je sais maintenant par expérience que je les reverrai très bientôt.


Les 4 premiers kilomètres sont plutôt roulants sur sentiers pas trop accidenté (chose rare ici) et permettent de chauffer les cuisses à la bonne température.
A ma grande surprise, Je rejoins Brice quelques kilomètres plus loin, persuadé d’avoir démarré devant lui. Nous en profitons pour échanger quelques et s’encourager mutuellement car on sait qu’il nous faudra plus que du courage pour aller au bout.



Première difficulté : La montée au refuge de Bodino, suivi de la vertigineuse montée au pas du Clapier.
 Montée au refuge de Bodino

Le Pas du Clapier

10ème Kilomètre : Tout va bien, j’arrive au sommet dans une forme rayonnante en ayant explosé mon temps de référence. En effet, c’est la partie du parcours que je connais le mieux pour l’avoir fait au moins 6 ou 7 fois en une année à l’entraînement.

On longe la crête sur prêt de 4 km pour rejoindre le Pic des Mouches (1011m), la pointe  sommitale du massif… Mais à quelques kilomètres du sommet, le parcours bifurque à droite et plonge dans le vide !

Les Crêtes

Le Pic des Mouches au loin

La descente, d’une centaine de mètres environ, est vertigineuse. Les organisateurs ont même équipés des mains courantes en corde d’escalade afin de sécuriser certains passages.
L’accroche est excellente et je prendrai beaucoup de plaisir dans cette descente et la remontée qui suivra juste après.

Arrivée au Pic des Mouches. A peine le temps d’admirer le paysage que c’est déjà reparti pour 2 km de descente jusqu’au col des portes.
Là encore, pour avoir effectué ce tronçon un grand nombre de fois, aucune difficulté me concernant.
Tout va bien : aucune douleur dans les jambes. Je pense plutôt bien gérer mon hydratation en buvant régulièrement tous les ¼ heures (l’alarme de mon GPS est là pour me le rappeler). Le vent frais qui souffle sur les crêtes fait un bien fou.
Je me force aussi à m’alimenter, même si avaler du solide commence à devenir difficile...

Après une boucle de 4 km au pied de la face nord de Sainte Victoire, nouvelle remontée tranquille puis nouvelle redescente par le sélectif sentier GR9, direction Puyloubier. La pente est raisonnable mais elle est très longue et le chemin parsemé de lapiaz rend la progression exigeante pour les quadriceps et ne fait aucune pitié aux chevilles qui auraient le malheur de se tordre.

Kilomètre 24 : Arrivé au premier ravitaillement solide de Puyloubier. Les visages commencent à être marqués, nous sommes pourtant qu’au premier tiers du parcours et la chaleur est maintenant prédominante.

A peine 5 minutes de pause, le temps de remplir ma poche à eau et me voilà à nouveau en course avec 2 Tucs en main… qui auront du mal à passer tellement la bouche est sèche. A croire que mes ¼ heures d’hydratation sont insuffisants…

Le parcours s’éloigne de la montagne pour passer le long des vignes qui feront le bonheur des amoureux du rosé de Provence.
Cette portion roulante sous le cagnard de midi est assommante...

Vignes de Puyloubier

Après 2 km de vignes, retour à la montagne ! Nouvelle montée quasiment au niveau de la Chapelle de Saint Ser

Le sentier part à gauche pour redescendre légèrement puis rebascule côté falaise. Nous découvrons alors un sentier hallucinant de raideur qui grimpe sur plus de 250 mètres !
Aperçu du bas, les coureurs en file indienne donnent l’impression de ne pas avancer… J’aurai très vite la preuve qu’ils n’avancent pas !

Montée au col de Vauvenargues

Cette montée est un calvaire. C’est un des rares sentiers que je ne connaissais pas du massif. J’en garderai un souvenir éprouvant ! Je suis obligé de m’arrêter tous les 50 mètres tellement le cœur s’emballe... J’ai envie de vomir… j’ai la nausée…Je manque à plusieurs reprises de tomber dans les pommes… J’ai des pertes d’équilibre.   
Je m’assois à l’ombre d’un buis et décide de ne pas repartir tant que ça n’ira pas mieux. Je bois et mange un morceau de barre de céréales… C’est la bonne stratégie !
Sans vérifier le cardio, je sens ma fréquence cardiaque diminuer. Mon pas devient plus assuré.
Tout le long de la montée, je croiserai hommes et femmes dans le même état que moi, comme l’impression de croiser des gens accablés de désespoir après un désastre.

Agonies dans la face sud

31ème kilomètre : J’atteins enfin la délivrance : le Col de Vauvenargues. Les 7 km suivants seront en descente et sur un sentier forestier relativement plat. De quoi se refaire une santé.
Au col, des pompiers sont affairés à porter secours aux coureurs pour qui la montée fut fatale. Après coup, j’apprendrai que la majorité des abandons à eu lieu à ce point du parcours.

Redescente face nord par le long sentier des Plaideurs. Je suis une jolie traileuse que j’avais rattrapé à la montée du col de Vauvenargues et que j’imaginais hors circuit, tellement elle en avait bavée.
Mais il en faut plus pour l’abattre ! Elle me double et descend à bonne vitesse.
Impressionné par ce charmant lièvre, je me cale « dans sa roue » et arrive à suivre le rythme.
Mais un peu plus loin, je la sens ralentir… Je la double à nouveau et ne la reverrai plus. Il est fort probable qu’elle est abandonnée elle aussi.

Les quelques kilomètres de faux plat descendant vers les Cabassols sont interminables. Heureusement, je croiserai d’autres compagnons d’infortune avec qui nous partagerons quelques encouragements mutuels.

Kilomètre 36 : Enfin les Cabassols et son ravitaillement en eau…
Quelques minutes plus tard, j’attaque l’affreuse montée des Venturiers (affreuse car cimentée au ¾ pour permettre aux secours de monter à une centaine de mètres du sommet). La pente dépasse à peine les 20 % (un dénivelé qui passe habituellement en courant à l’entrainement), mais là, dans un état de fatigue avancé, même la marche est une souffrance !
Le doute s’installe… C’est la dernière grosse difficulté, soit,  mais il y a encore plus de 20 km jusqu’à l’arrivé… Je suis cramé… Je ne vais pas terminé…
Je passe en mode survivor : A partir de cet instant ce n’est plus ma conscience qui dirige les opérations mais un recoin de mon subconscient. Je visualise mentalement des images positives pour me pousser à continuer. La vision de mes enfants et de ma conjointe m’encourageant à l’arrivé me fait venir les larmes. « Non, je peux pas faire ça ! Je ne veux pas qu’ils me voient arriver dans le car des abandons ! »
Je m’accroche… L’enchaînement de mes pas me fait ressembler à un grave accidenté en phase de rééducation.
Je croise un type encore plus mal en point. Je l’encourage, lui parle mais il semble ne pas m’entendre. A la vue de son regard, je constate que lui aussi a perdu les commandes.

Au bout d'une éternité, le chemin devient moins raide, enfin !
La vue toute proche du prieuré signale le sommet est proche.
Nouvelle descente par le célèbre sentier Imoucha qui, en ce dimanche de compétition, est constellé de randonneurs (du dimanche).
Leurs nombreux encouragements me font un bien fou ! Des enfants accompagnent les coureurs sur quelques centaines de mètres nous obligeant à avoir un semblant d’allure : Une belle leçon donnée par des gamins.
Je reprends un peu mes esprits dans la descente. Je la connais bien elle aussi et je sais qu’elle est traitre et dangereuse, une cheville ayant vite fait de se tordre.

Le sentier Imoucha, Costes Chaudes devant le lac de Bimont

J’atteins le point le plus occidental du tracé avec une certaine émotion : De Puyloubier à là où je suis, 11 km de montagne nous sépare. C’est impressionnant !
Le parcours prend à gauche pour rejoindre le vallon de Roques Hautes ou un ravitaillement en eau est positionné. Je suis au 44ème kilomètre mais au 36ème dessous…

Là encore, je suis obligé de m’asseoir pour calmer les crampes qui se déclenchent sur le moindre muscle, des cuisses aux mollets. En observant de plus prêt je les vois bouger tout seul, comme pris de spasmes. Le moral en prend un coup : Malgré la volonté, j’ai bien peur que le corps refuse à un moment d’aller plus loin. 

Je repars comme je peux. La pente doit à peine dépasser les 5% mais j’ai l’impression de gravir des montagnes.


Le temps me paraît interminable. J’ai l’impression que mon GPS sonne toutes les minutes alors que de simples ¼ s’écoulent. « C’est pas vrai ! Je ne vais pas passer la prochaine barrière horaire à ce rythme ! »

… Je fini toutefois pas l’atteindre. Il est situé à proximité du refuge Cézanne.
Des bénévoles me suggère de me mouiller la tête. Je m’exécute sans dire un mot. Le litre d’eau qui vient de m’asperger le crâne est une bénédiction ! Je retrouve un peu de lucidité et l’usage de la parole pour discuter avec les admirables bénévoles qui auront été, cette année encore, fidèles au rendez-vous de la bonne humeur.

C’est avec un sursis de quelques heures ou de quelques minutes que je reprends la route… La caillasse, je devrais dire plutôt ! Je me demande combien de pierres sont passées sous mes semelles depuis ce matin… Des milliers ? Des millions ? En tout cas, à cet instant, je maudis le calcaire de Provence !

Je rejoins la Maison de la Sainte Victoire, l’endroit où, 9 heures plus tôt, le départ a été donné ! C’est déjà une première victoire que de boucler la boucle ! Mais mon bonheur est de courte durée en pensant aux 9 km restant…
Certes, ce n’est que 9 km, de surcroît en descente. Mais je garde le souvenir pénible de l’année précédente ou cette dernière portion a été un véritable enfer pour moi.

Un coureur me rejoint accompagné d’une bonne partie de son club, La Foulée de Gréasque. Les vannes fusent. Je m’accroche au groupe car la bonne humeur qu’il dégage me redonne de l’énergie. Je me surprends à courir à une allure proche de 5 min/km, qui est, pour moi,  une performance au regard de l’état que j’ai traversé !
Emporté par la foule (qui nous traine et nous entraîne), je les abandonne lâchement un peu plus loin en forçant l’allure… Après coup, j’ai eu un peu honte d’avoir profité de leur force collective sans un merci, un au-revoir ou un petit mot d’encouragement, … A croire qu’un nouveau mode vient d’être activé : celui du compétiteur sans scrupule !
 
Je rattrape un jeune, accompagné par son père venu le motiver sur les derniers kilomètres. Je me cale à son allure, décidé de rien lâcher sur les 2 ou 3 km qu’il reste.

Rousset est proche ! On traverse sous un pont de la RN7, le long d’un cours d’eau… Malgré les planches de fortune sensées nous faire traverser au sec, Je finis dans l’eau jusqu’au cheville…
Quelques centaines de mètres dans les bois et j’arrive à l’entrée du village.
Je dépasse encore un coureur à bout de force. Le jeune devant avec son père a décidé de ne pas se laissé doubler… Tant pis, ce n’est pas important.

La délivrance est toute proche, encore 200 mètres… Même pas !
J’aperçois Laurence, mon fils et ma fille qui hurlent pour m’encourager… Que c’est bon !!!
Je prends la main de mes enfants et je passe la ligne d’arrivée avec eux. Quel bonheur !!!
C’est plus beau que dans les films américains ! Quoi de plus beau que de voir ses enfants fiers de leur père ? L’émotion me submerge.

Il me faudra quand même une bonne demi-heure pour retrouver un peu de lucidité. Le chrono de mon GPS indique 61,21 km parcourus (l’organisation nous aurait menti ?).
Mon temps est de 10 heures 23 minutes et 56 secondes.
Bonne nouvelle : Je suis proche de mon objectif qui était fixé à 10 h. Mon classement me satisfait également. Je suis dans le premier tiers du classement : Belle perf quand on voit le beau monde qui était présent aujourd’hui !

Trail Sainte Victoire

59
km
Nom
Place
Temps
Vitesse moy
Fred Prost
134
10:23:56
5,7 Km/h