dimanche 22 juillet 2012

Altriman 2012


Altriman 2012

Par Olivier CLERC


Altriman est présenté comme le triathlon le plus dur du monde… assurément il en fait partie et il est certainement le plus beau que j’ai fait jusqu'à présent….


… retour sur le 7 juillet 2012, mon jour le plus long.

Les Angles – Pyrénées orientales, non loin de Font Romeu, la brume avait eu du mal à se dissiper la veille, nous sommes à 1500 m d’altitude et parfois le brouillard persiste longtemps avant de laisser place au soleil…
…Mais ce matin, le réveil (3h) se fait sous un ciel dégagé. Belle journée en perspective donc.

Un triathlon ça commence toujours par une petite baignade histoire de réveiller les organismes. Il est 5h30 du matin et le départ va être donné pour 3,8km de natation, 196km de vélo dans les Pyrénées (avec 7 cols et presque 5000D+) puis un marathon avec – encore – 700 D+.
Le ciel est magnifique et la journée s’annonce chaude. Nous sommes 100 concurrents debout dans la nuit à attendre le signal et je me demande un peu ce que je fais là. 
La pasta parti la veille m’a permis de beaucoup sympathiser avec d’autres participants. On y trouve des ‘récidivistes’ de l’Altriman, pris par le virus et fidèles aux 4 éditions. Des néophytes sur la distance ou d’autres encore qui prennent cette course comme une préparation à un autre objectif ( !)

La température de l’air est à peine 10°, celle du lac de Matemale est annoncée à 18°C… 

Go c’est parti,  nous rentrons dans l’eau tranquillement, aucune ‘baston’, pas de coups de pied ou de coups de coude… on est sur du long, et la natation n’est qu’un échauffement par rapport à ce qui nous attend par la suite. Evidemment, je me retrouve vite seul. L’organisateur a allumé des phares de l’autre coté du lac pour indiquer la direction à prendre. La natation se fait avec plaisir, le soleil se lève et c’est toujours un bonheur de vivre ces lumières matinales en nageant dans un environnement de montagne, une grande zenitude me gagne (pourvu que ça dure ! ;-) première boucle en 40’, sortie de l’eau en 1’20 (55ème) : régulier.

La transition se passe forcément calmement, aucune précipitation au risque d’oublier quelque chose. On enfile cuissard, manchettes, coupe-vent et en route. Il est 7h du mat’, la partie bicyclette commence.

Et pour commencer une montée, Col de Quillane.
Petite grimpette sympathique sur route large. Tout le monde tourne les jambes tranquillement. Je rattrape 2 concurrents. C’est l’occasion d’échanger un peu sur la météo de la journée, les impressions sur la partie natation et les futures vacances (si si J). 
On enchaîne rapidement avec le Col de Llose. Toujours tranquille et paisible. En haut de ce col commence la première descente longue de 15 km environ assez sinueuse voir même dangereuse du fait du revêtement refait quelques jours auparavant et certains virages sont bien « gravillonnés ». Prudence donc.
On arrive au trentième kilo pour attaquer le Col de Creu. 12km de grimpette de 6 à 8% dans un environnement magnifique ; du vrai plaisir. La aussi l’ascension ‘en dedans’ se passe bien, chacun va a son rythme, je pense à bien m’alimenter et m’hydrater régulièrement. En haut on bascule rapidement pour arriver au pied du Col de Pailhère : km 68, premier ravito perso.

Je regarde ma montre et il est à peine 10h du mat’, tout va bien c’était le timing que je m’étais fixé pour cette première partie avec suffisamment de marge par rapport au délai de l’organisation (11h à ce point de course). Mon sandwich fromage tartare me fait grand bien. Le temps de remplir la musette et c’est parti pour 15 km d’ascension jusqu’à presque 2000m d’altitude. Cette monté à 8% est très agréable et le soleil ne fait qu’embellir le paysage … mais chauffe les organismes aussi

En haut de ce Col, le temps de laisser passer quelques chevaux en pleine liberté, on bascule sur une descente large et facile où je peux m’en donner à cœur joie…Une fois en bas de la descente, que fait-on ? On remonte ! J Le plat ? Ils ne connaissent pas dans la région. On avale le Col de Chioula en 5km (on ne s’en rend même plus compte avec tout ce qu’on a déjà monté avant) puis une longue portion roulante entrecoupée d’un raidillon de 1,5km à 11% pour atteindre la vallée de l’Aude et le km 136. Point le plus bas de la course.
Deuxième ravito perso il est 13h45 (à ce point, les délais sont fixés à 14h15) je n’ai pas spécialement perdu de place sur cette deuxième parti vélo. On est un groupe de quelques concurrents à des allures assez équivalentes. Il fait très chaud et le soleil commence à m’user. Je pense toujours à bien m’hydrater (toutes les 7 à 8 minutes) et m’alimenter (toutes les 45 minutes environs). Au briefing, la veille, Benoit, de l’organisation, nous avait indiqué que la course ne commençait vraiment qu’à partir de maintenant…

il savait de quoi il parlait. .. Cela fait plus de 6h que je suis sur le vélo et il me reste en gros 60 bornes à faire avant le marathon. Qu’est-ce qui m’attend ? : Col de Gravarel. 
Une escalade de presque 10km sur un pourcentage à 10% sur la plupart du temps, on redescend un peu et on attaque un mur de plus de 12% sur plusieurs kilomètres ! Cette fin de parcours est terrible, la chaleur étouffante, je croise un concurrent qui s’est retourné dans la montée. Trop dur pour lui, plus de jambes, il redescend au point ravito précédent pour abandonner.
Plus haut encore un autre est assis dans l’herbe, il n’en veut plus du vélo. Nous sommes deux-trois à l’encourager et le pousser à remonter sur le vélo car on se convainc qu’il ne doit plus rester qu’une centaine de mètres avant le sommet… 
J’arrive enfin en haut de ce dernier col (Col des hares), mais après une courte descente, le retour au parc à vélo se fait sur un faux plat montant. Je regarde ma montre et il est 17h. J’ai peur du hors délai au parc qui est fixé à 18h. J’ai pris les dernières descentes très vite à en distancer ‘mon’ groupe… le faux plat commence, route large, dégagée, revêtement parfait et … vent de face !
C’est terrible, je n’avance plus. Le chrono, lui, tourne. Ni le vent, ni les… crampes ne le ralenti. 
Une crampe qui m’oblige à descendre du vélo et marcher une centaine de mètres pour étirer les muscles. Beaucoup d’idées traversent l’esprit : ‘qu’est-ce que je fout la’,  ‘y en a marre du vélo’ mais surtout… ‘Je vais y arriver !’ Je me relance, je vois la base nautique où est situé le parc à vélo. Enfin, pied à terre, il est 17h30 et j’en ai fini avec presque 10h30 de vélo. Je suis 45ème à l’entrée du parc.

T2, il est temps de chausser les running, changer de maillot, m’alimenter et éviter de m’assoir sur cette chaise qui me tend les bras telle les chants angéliques des sirènes attiraient autrefois Ulysse. 

Au programme à présent 42 bornes.

Le départ se fait modestement, les 10 premiers kilomètre sont un aller/retour le long du lac avec au milieu une petite grimpette d’1 km. Je tiens un petit 10 à l’heure. Puis, plat de résistance, je vais monter au village de Les Angles et encore continuer jusqu’au lac de Balcère. La ça grimper sur 6 /7 bornes avec des passages (longs) à plus de 10%.
Au plus dur de la pente, les concurrents marchent, je tourne au mental car la fatigue devient pesante et l’estomac un peu capricieux. Les kilomètres sont longs. Le cardio ne monte plus et il fait encore chaud.

Enfin arrivé au Lac de Balcère, je me retourne afin de redescendre ce j’ai monté. Certains marchent même en descente !, je me refais une petite forme en franchissant le semi. Vers le kilomètre 27, je récupère ma frontale et un coupe-vent. Il est presque 21h et la nuit va bientôt tomber (comme la température). Ma moyenne a aussi chuté et je suis dans les 8,5 km/h. je re fais l’aller /retour le long du lac. Même si rien n’est gagné à 10km de la fin, je sens que l’arrivée n’est plus très loin.

Les encouragements des bénévoles sont bien présents. Enfin il reste 4 km en côte pour rallier la salle d’arrivé, il est 22h30. Déjà 5h sur le marathon. Cette dernière montée ‘à travers champs’ du lac au village me permet d’admirer Les Angles la nuit. Km 40.

Je m’arrête, j’éteins ma frontale. Non pas par fatigue ou abandon mais juste pour savourer.

Apprécier. Je regarde le village devant moi ; me retourne et admire le lac de Matenale en contre bas, là où le départ a été donné il y a plus de 17h… le ciel est étoilé, la nuit est calme, J’arrive dans le village déjà endormi. Devant la terrasse d’un restaurant, un petit garçon sur les épaules de son papa m’applaudi en criant « c’est le champion ! c'est le champion » je me retourne pour lui taper la main qu’il me tend.
Les yeux brillent. Grosse émotion. Et finalement l’entrée dans la salle « bleue neige ». 

Du calme de la nuit, je bascule dans The final Countdown  que crachent les enceintes, le speaker hurle mon nom, je monte sur la scène et j’ai droit au même accueil que nous aurons tous du premier au dernier. Photo, interview, applaudissement…

Je suis un Altriman !


Classement : 45ème en 17h38


Ironman de Nice 2012

Par Arnaud BIHANNIC


Moi j’adore le tri, on apprend tout le temps plein de chose, on rencontre du monde et même en compétition on n’oublie jamais les basiques. Prenez la natation par exemple, et bien même lors d’un Ironman alors qu’on est plus de 2000 à se lancer à l’eau on pense à travailler les éducatifs tous ensemble, de façon très raprochée.
1/ Crawl water-polo avec la tête et les épaules bien sorties pour viser la première bouée et ne pas suffoquer dans l’eau.
2/ Nage sur un bras parce qu’un  #ù£ù*m# de triathlète vous maintient l’autre sous l’eau
3/ Nage en 5, 8, 10, 12, 16 temps…gloups…merde laissez-moi sortir la tête de l’eau les gars !
4/ Poings fermé – HA HA ! A mon tour de donner des coups !
5/ Nage indienne …ahh que c’est bon quand ça s’arrête.

Par contre je n’avais pas travaillé la course d’orientation cette année en piscine et ça m’a manqué. Je le rajouterai l’année prochaine. Parce que, prudent et objectif Fun, je suis parti en fin de sas. Certes j’ai pu rapidement passer en 3 temps ; par contre ma trajectoire a été catastrophique. Résultat un très médiocre 1h25 pour plus de 4km2 au compteur au lieu des 3km8 prévu…vive la dérive !


Reprenons nos éducatifs, une des premières choses qu’on vous apprend en tri aussi: « les transitions c’est hyper importants ! » donc on ne prend pas une douche tranquille sur la plage, non !
1/ Sorti de l’eau, on court à bloc jusqu’au bien nommé « sac transition » où on oublie la moitié des trucs (cette année lunette et mitaine à pas pratique quand les moucherons vous filent en plein œil alors que vous descendez à plus de 70 km/h)
2/ On prend le vélo à la main jusque la ligne bleue où vous êtes enfin autorisé à monter sur le vélo
3/ Les plus aguerris accrochent leurs chaussures sur le vélo et les mettent en roulant. Perso je ne me sens pas assez équilibriste et le fait à l’ancienne (ou « comme une merde »), genou à terre.

Enfin nous voilà parti pour 180km de vélo dans l’arrière-pays niçois. Là aussi on n’oublie pas les éducatifs :
1/ Pédaler sur un pied parce que l’autre s’est déchaussé…et merde !
2/ Bien s’allonger sur le prolongateur pour minimiser la prise de vent
3 / MOULINER ! C’est la plus important des règles. Petit plateau, vous moulinez pour avancer au lieu de pousser sur les cuisses qui doivent rester en forme pour le marathon.
4/ RELANCER ! On a tendance à s’endormir en vélo, donc un coup de danseuse pour garder une vitesse moyenne honorable.

Très vite je vois que les jambes sont là et j’appuie sur les pédales pour rattraper les amis partis devant. Je récupère rapidement Sébastien et le prez dès les premiers kilomètres et me mets en tête de peloton, la forme est là.
Les premières montées arrivent accompagnées d’un mal de ventre aussi soudain que terrible. Je suis scié en deux, le prez et seb s’éloignent et je suis quasiment à l’arrêt. Je serre les dents mais la douleur est trop vive. Que ce soit dans les montées ou dans les descentes, je n’arrive plus à rien. Pendant 20/30 bornes je vais vivre un calvaire gastrique sans nom. Je m’arrête 3 fois sur le bas-côté et repars dans l’espoir que cela cesse. Les gens me portent assistance mais faut juste « que ça sorte ». Je ne sais pas si c’est la chaleur ou l’eau salée avalée le matin en mer mais je suis KO.
J’arrive au pied du col de l’Ecre avec la rage, je suis en train de rater complètement mon Ironman, 6 mois de prépa foutus en l’air ! Je me remets en selle alors que mon estomac me laisse un peu tranquille. Debout sur les pédales, en danseuse, je vais avaler le col de l’Ecre comme jamais en montant à plus de 15 à l’heure (l’année dernière je me trainais à 9/10). Résultat : Je reprends et lâche Ben au milieu du col, Seb m’accroche dans les descentes qui suivent et nous reprenons le Prez en haut d’une nouvelle côte. A 3 nous finissons ce périple en 7h10…1h de perdue par rapport à l’année dernière ! Vu ma forme en côte j’aurai pu dépoter sans ce mal de ventre, tant pis…
Pour ceux qui ont lu correctement depuis le début, vous vous souvenez que nous attaquons T2, la deuxième transition pour passer du vélo à la course à pied.
1/ On descend du vélo avant la ligne où des arbitrent vous hurlent dessus : DESCENDEZ !
2/ SURTOUT NE PAS ENLEVER LE CASQUE tant que vous n’avez pas posé votre vélo dans son rack.
3/ Récupération du sac transition, chaussure, crème solaire (primordial), quelques gels et FONCEZ !

Et nous voilà partit à trois pour 42,2km sur la promenade des anglais. L’éducatif en RUN est très simple :
1/ Un pied après l’autre

Malheureusement le prez est à son tour malade et on s’arrête toutes les 10 minutes. Un calvaire pour lui mais on le tire sans cesse et il tient bon. Ben nous rattrape et nous restons tous les 4 jusq’au bout. On se fait un super road trip à 4 pendant plus de 4h et on fait bien attenfion de rester concentré. 
On passe la ligne main dans la main en 14h06, un peu déçu du chrono, mais quelle aventure humaine encore une fois !