vendredi 9 septembre 2011

La CCC 2011 ... j'aime, par Jeff

Moi, ce que j’aime dans le trail ? 
La CCC évidement ! 
Derrière cet acronyme 3 villes, qui forment une couronne autour du massif du Mont Blanc : Courmayeur en Italie, Champeix en Suisse et Chamonix et qui jalonnent le parcours de cet ultra trail.
François avait trouvé un autre sens aux initiales et paraphrasant Audiard, avait déclaré définitif : « La CCC c’est la course des triple-cons, d’ailleurs ils osent tout, les cons c’est même à cela que l’on les reconnaît ! ».
La formule traduisait bien notre état d’esprit quelques huit mois auparavant, alors qu’au bénéfice du tirage au sort nous avions reçu notre numéro de dossard.
Nous avions osé il allait maintenant falloir s’organiser …

La fiche technique :
Environ 92km et 5096m de dénivelé positif [au Garmin c’est plutôt 98,6 km et 5331 m de D+].
Nombre de ravitaillements : 5 ravitaillements solides, 4 ravitaillements boissons.
Temps du 1er : environ 11:40    
Temps du dernier : environ 26:30  
Temps maximum : 26:00
Date, heure et lieu de départ : Vendredi 26 août à 10:00 du centre de Courmayeur (Italie).
Nombre de coureurs : Epreuve limitée à 1800 coureurs.

Je passe rapidement sur les quelques mois de préparation : les côtes à St Cloud et Meudon, le bœuf de l’Ardéchois, les pentes de l’Annecime, les litres de Malto, …
Vendredi 26 août, 6 H du mat, un petit café,  Gatosport, le bus qui conduit la colonie de Chamonix à Courmayeur, re-Gatosport !
Sur place c’est la fête au village, avec un dress-code un peu particulier, stretch et fluo baskets de rigueur, les coureurs envahissent les rues et s’égayent dans tout ce que Courmayeur compte de cafés, bars, salons de thé pour les derniers préparatifs.
A l’approche du départ nous rejoignons les sas qui séparent les trois vagues de départ pour le briefing d’avant course. La foule bruissait de rumeurs et vibrait de SMS, c’est confirmé ! Les conditions météo, de gros orages arrivent, contraignent l’organisation à changer le parcours. Exit le col Sapin et les montées vers la Tête de la Tronche, Bovine, Catogne et la Tête au vent ; dommage Olivier et moi avions pu les apprécier début août et nos fiches parcours sont maintenant inutiles.  Tant pis nous découvrirons le tracé au fil du parcours …

Bon, le début, on connaît, traversée des rues du village et petit sentier vers Bertone. Toutefois à plus de 600 cela change un peu la donne, le rythme de départ est soutenu et il faut jouer des coudes pour trouver une allure adéquate et bien à l’abri du vent. Le soleil nous fait profiter de ses meilleurs rayons. En bref à Bertone, ça cogne et ça bastonne !
Ne pas oublier les consignes du coach ! Hydratation régulière ! Le souci c’est que même en deçà des doses prescrites les poudres dans mon camelback font une espèce de Blédine que j’ai de plus en plus de mal à avaler. Je benne tout cela au ravito et repasse à l’eau claire !
On reste ensuite à flanc de montage pour rallier le refuge Bonnati puis Arnuva : quelques bosses et de la descente. La file des coureurs commence à s’étirer. Une vraie partie de plaisir, face au Mont Blanc, cette vallée est une petite merveille. La descente se fait à un bon rythme, je refais le plein au ravito et repars tranquillement ! Pas de panique on a une bonne heure de montée en perspective jusqu’au Grand Col Ferret. Lors de notre reconnaissance, début août, je me souviens du vent froid qui nous avait accompagné et au col nous avions trouvé le sol givré et les panneaux recouverts de glace. Pour l’heure, il est presque 13 H et le soleil est au zénith.  

Je serre les dents aux deux coups de cul qui jalonnent la montée (avant le refuge Elena et juste avant le col). Un peu plus d’une heure après, je passe le col balayé par le vent. Le gros temps annoncé arrive !
Je retrouve François et nous entamons ensemble la descente dans les alpages ; le sentier est agréable, le ciel nous envoie quelques gouttes rafraîchissantes, les jambes répondent bien mais, pas d’emballement, la route est encore longue. Je prends d’ailleurs une petite pause. Très à l’aise dans mes baskets, de vrais chaussons, j’avais négligé un resserrage qui me vaut une belle ampoule ! Je répare tant bien que mal, ce satané pansement qui ne veut pas tenir ! Je souffle un peu avant de partir : je suis au 30ème km, il m'en reste donc encore 70 … Je reprends la route avant de trop gamberger.
Après la Fouly, la descente se poursuit sur la route que l’on quitte en coupant les lacets, je retrouve Manou qui déguste à chaque rebond sur l’asphalte, mais le D+ lui donne des ailes et je le vois s’envoler dans le chemin des champignons avant Champeix. De mon côé, que je peine à mettre un pied devant l’autre (premier coup de mou !).
L’arrivée au ravito me revigore, c’est la foire à la saucisse, une grosse ambiance sous la tente où sont attablés des dizaines de coureurs. Je croise Manou, vais remplir mon Camelback et faire réparer mon dossard (Non Madame, gardez vos ciseaux, ce n’est pas pour un abandon !) pour quitter rapidement cette île des sirènes ! Je retrouve Olivier et lui propose de faire route ensemble, nous ne serons pas trop de deux pour supporter ce qui s’annonce. Il repart en marchant, je le rattrape le long du lac et nous march-trottinons clopin-clopant  direction Martigny. Bien entamés mais concentrés sur le but, finir cette course, nous finissons par trottiner, ce ne sont pas les chariots de feu mais à ce petit rythme, nous n’entendrons pas l’appel de Manou qui nous aperçoit au bout du lac et qui aurait bien accroché le wagon (Pardon Manou !).

Nous commençons d’abord par un petit chemin forestier emprunté il y a quelques semaines pour rejoindre Bovine (dont à cet instant nous ne regrettons pas les marches géantes !) puis vient un long tronçon ou nous passons d’un côté à l’autre de la vallée et notamment dans les vignes du Valais via de petits escaliers, des ponts et des portions escarpées sécurisées par des chaînes. Nous croisons quelques groupes de la PTL en course depuis cinq jours ( !), c’est l’occasion d’encouragements réciproques.
Nous arrivons enfin à Martigny ! Le ravitaillement est plus qu’improvisé, une petite tente battue par le vent et les organisateurs ont très peu d’information à délivrer sur la suite du parcours. Enfin pour faire simple nous sommes tout au fond de la vallée donc pour retourner en France cela va forcément monter et raide ! Un petit groupe de PTL se fait envoyer sur les roses pour avoir voulu profiter indûment de ce ravito CCC ! Sympathique retour à la civilisation après 5 jours dans les montagnes ! L’accueil de toute la population fait largement oublier la halte frugale de l’organisation. En plus des encouragements généreusement prodigués, chaque famille organise son propre ravitaillement (éponges, eau gazeuse, coca,…) dans son jardin, sur le pas de sa porte ou à la terrasse des bistrots. Cela met vraiment du baume au cœur.
Le parcours est lui moins sympathique,… cela monte tout droit, sans détour et inexorablement, d’abord dans le village puis dans la forêt direction Le col de la Forclaz (1000 m D+). La pluie arrive, puis la nuit et sur la dernière portion j’ai vraiment du mal à mettre un pas devant l’autre et je m’accroche à Olivier. Arrivés au col on se laisse guider par la pente ; c’est raide, cela fait mal mais du coup on arrivera plus vite !
Arrivés à Trient, le bonheur, une espèce de certitude que quoi qu’il arrive on en verra le bout de cette satanée CCC ! On prend une vrai pause (12 min) pour lutter contre le froid, la fatigue et le mal au bide. Le remède : de la soupe, de la banane avec du fromage et ça repart ! Sous des trombes d’eau, on enchaîne sur une interminable route forestière qui passe par Les Jeurs puis c’est la descente vers Vallorcine sur une piste que nous connaissons (outch les quadri ! Merci les bâtons !). Bref arrêt au ravito, envie d’en finir, ça sent l’écurie (i.e. l’approche de l’arrivée, rien à avoir avec la tente de Vallorcine qui est impeccable !) et direction Argentières en passant par le col des Montets.
L’approche de Chamonix nous redonne des forces et nous marchons à un bon rythme sur la pente douce et enchainons dans le mouvement la descente vers Argentières.
Nous traversons la tente, il est minuit.
C’en est fini des difficultés, l’arrivée à Chamonix doit se faire par le balcon sud, on imagine donc une petite montée et un chemin à flanc de montagne avant de descendre vers l’arrivée. La réalité est un peu différente : on monte effectivement, pour suivre un chemin vallonné, détrempé et plein de racines, puis on redescend aux Tines, pour remonter ! Pas grand-chose, juste 100 m de D+, mais ce raidillon me file un coup au moral et je retrouve un pas chancelant luttant pour mettre un pied devant l’autre.  Je vois partir Olivier qui a conservé un bon petit rythme et me retrouve seul pour attaquer la descente.
J’suis fatigué, j’ai mal aux pieds et aux jambes, j'ai froid (« si j’avais su j’aurais pas venu ! »), comme tout au long de la course mon téléphone vibre de SMS, de notifs Facebook et autres encouragements, cela me revigore et j’attaque la descente pour retrouver Olivier qui m’attends en bas (Merci Olivier).  Dernier petit footing le long de l’Arve et nous guettons l'arrivée sous l’arche à chaque coin de rue de Chamonix !

Bravo au team Montroc,  à Manou  pour avoir su prouver (dans la douleur) que le retourné acrobatique n’est pas incompatible avec la course en montagne, à François pour avoir bouclé son premier ultra, à Arnaud pour cette course si bien gérée malgré ses genoux capricieux , à Christian, pour avoir terminé malgré un entrainement à la portion congrue (tu restes le champion des 25 bosses !) et merci à Olivier pour le bout de chemin parcouru ensemble. Merci aussi pour tous les messages de soutien tout au long de la course et les précieux conseils.
Moi ce que j’aime dans le trail c’est tout cela : la variété des parcours et des difficultés, les paysages à couper le souffle, les bouts de chemins partagés avec des potes et ces longs moments d’introspection qui commencent invariablement par : «  Mais qu’est-ce que je fous là ! ».

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