Altriman 2012
Par Olivier CLERC
Altriman est présenté comme le triathlon le plus dur du
monde… assurément il en fait partie et il est certainement le plus beau que
j’ai fait jusqu'à présent….
… retour sur le 7 juillet 2012, mon jour le plus long.
Les Angles – Pyrénées orientales, non loin de Font Romeu, la
brume avait eu du mal à se dissiper la veille, nous sommes à 1500 m d’altitude et
parfois le brouillard persiste longtemps avant de laisser place au soleil…
…Mais ce matin, le réveil (3h) se fait sous un ciel dégagé.
Belle journée en perspective donc.
Un triathlon ça commence toujours par une petite baignade
histoire de réveiller les organismes. Il est 5h30 du matin et le départ va être
donné pour 3,8km de natation, 196km de vélo dans les Pyrénées (avec 7 cols et
presque 5000D+) puis un marathon avec – encore – 700 D+.
Le ciel est magnifique
et la journée s’annonce chaude. Nous sommes 100 concurrents debout dans la nuit
à attendre le signal et je me demande un peu ce que je fais là.
La pasta parti
la veille m’a permis de beaucoup sympathiser avec d’autres participants. On y
trouve des ‘récidivistes’ de l’Altriman, pris par le virus et fidèles aux 4
éditions. Des néophytes sur la distance ou d’autres encore qui prennent cette
course comme une préparation à un autre objectif ( !)
La température de l’air est à peine 10°, celle du lac de Matemale
est annoncée à 18°C…
Go c’est parti,
nous rentrons dans l’eau tranquillement, aucune ‘baston’, pas de coups
de pied ou de coups de coude… on est sur du long, et la natation n’est qu’un
échauffement par rapport à ce qui nous attend par la suite. Evidemment, je me
retrouve vite seul. L’organisateur a allumé des phares de l’autre coté du lac
pour indiquer la direction à prendre. La natation se fait avec plaisir, le
soleil se lève et c’est toujours un bonheur de vivre ces lumières matinales en
nageant dans un environnement de montagne, une grande zenitude me gagne (pourvu
que ça dure ! ;-) première boucle en 40’, sortie de l’eau en
1’20 (55ème) : régulier.
La transition se passe forcément calmement, aucune
précipitation au risque d’oublier quelque chose. On enfile cuissard, manchettes,
coupe-vent et en route. Il est 7h du mat’, la partie bicyclette commence.
Et pour commencer une montée, Col de Quillane.
Petite
grimpette sympathique sur route large. Tout le monde tourne les jambes
tranquillement. Je rattrape 2 concurrents. C’est l’occasion d’échanger un peu
sur la météo de la journée, les impressions sur la partie natation et les
futures vacances (si si J).
On enchaîne rapidement avec le Col de Llose.
Toujours tranquille et paisible. En haut de ce col commence la première
descente longue de 15 km environ assez sinueuse voir même dangereuse du fait du
revêtement refait quelques jours auparavant et certains virages sont bien
« gravillonnés ». Prudence donc.
On arrive au trentième kilo pour
attaquer le Col de Creu. 12km de grimpette de 6 à 8% dans un environnement magnifique ;
du vrai plaisir. La aussi l’ascension ‘en dedans’ se passe bien, chacun va a
son rythme, je pense à bien m’alimenter et m’hydrater régulièrement. En haut on
bascule rapidement pour arriver au pied du Col de Pailhère : km 68,
premier ravito perso.
Je regarde ma montre et il est à peine 10h du mat’, tout
va bien c’était le timing que je m’étais fixé pour cette première partie avec suffisamment
de marge par rapport au délai de l’organisation (11h à ce point de course). Mon
sandwich fromage tartare me fait grand bien. Le temps de remplir la musette et
c’est parti pour 15 km d’ascension jusqu’à presque 2000m d’altitude. Cette
monté à 8% est très agréable et le soleil ne fait qu’embellir le paysage … mais chauffe les organismes aussi…
En haut de ce Col, le temps de laisser passer
quelques chevaux en pleine liberté, on bascule sur une descente large et facile
où je peux m’en donner à cœur joie…Une fois en bas de la descente, que fait-on ?
On remonte ! J Le plat ? Ils ne connaissent pas dans la région. On
avale le Col de Chioula en 5km (on ne s’en rend même plus compte avec tout ce
qu’on a déjà monté avant) puis une longue portion roulante entrecoupée d’un
raidillon de 1,5km à 11% pour atteindre la vallée de l’Aude et le km 136. Point
le plus bas de la course.
Deuxième ravito perso il est 13h45 (à ce point, les
délais sont fixés à 14h15) je n’ai pas spécialement perdu de place sur cette
deuxième parti vélo. On est un groupe de quelques concurrents à des allures
assez équivalentes. Il fait très chaud et le soleil commence à m’user. Je pense
toujours à bien m’hydrater (toutes les 7 à 8 minutes) et m’alimenter (toutes
les 45 minutes environs). Au briefing, la veille, Benoit, de l’organisation,
nous avait indiqué que la course ne commençait vraiment qu’à partir de
maintenant…
il savait de quoi il parlait. .. Cela fait plus de 6h que je suis
sur le vélo et il me reste en gros 60 bornes à faire avant le marathon. Qu’est-ce qui m’attend ? : Col de Gravarel.
Une escalade de presque 10km sur un
pourcentage à 10% sur la plupart du temps, on redescend un peu et on attaque un
mur de plus de 12% sur plusieurs kilomètres ! Cette fin de parcours est
terrible, la chaleur étouffante, je croise un concurrent qui s’est retourné
dans la montée. Trop dur pour lui, plus de jambes, il redescend au point ravito
précédent pour abandonner.
Plus haut encore un autre est assis dans l’herbe, il
n’en veut plus du vélo. Nous sommes deux-trois à l’encourager et le pousser à
remonter sur le vélo car on se convainc qu’il ne doit plus rester qu’une
centaine de mètres avant le sommet…
J’arrive enfin en haut de ce dernier col
(Col des hares), mais après une courte descente, le retour au parc à vélo se
fait sur un faux plat montant. Je regarde ma montre et il est 17h. J’ai peur du
hors délai au parc qui est fixé à 18h. J’ai pris les dernières descentes très
vite à en distancer ‘mon’ groupe… le faux plat commence, route large, dégagée, revêtement
parfait et … vent de face !
C’est terrible, je n’avance plus. Le chrono,
lui, tourne. Ni le vent, ni les… crampes ne le ralenti.
Une crampe qui m’oblige à descendre
du vélo et marcher une centaine de mètres pour étirer les muscles. Beaucoup
d’idées traversent l’esprit : ‘qu’est-ce que je fout la’, ‘y en a marre du vélo’ mais surtout… ‘Je vais
y arriver !’ Je me relance, je vois la base nautique où est situé le parc
à vélo. Enfin, pied à terre, il est 17h30 et j’en ai fini avec presque 10h30 de
vélo. Je suis 45ème à l’entrée du parc.
T2, il est temps de chausser les running, changer de maillot, m’alimenter et éviter de m’assoir sur cette chaise qui me tend les bras telle
les chants angéliques des sirènes attiraient autrefois Ulysse.
Au programme à
présent 42 bornes.
Le départ se fait modestement, les 10 premiers kilomètre sont
un aller/retour le long du lac avec au milieu une petite grimpette d’1 km. Je
tiens un petit 10 à l’heure. Puis, plat de résistance, je vais monter au
village de Les Angles et encore continuer jusqu’au lac de Balcère. La ça grimper
sur 6 /7 bornes avec des passages (longs) à plus de 10%.
Au plus dur de la
pente, les concurrents marchent, je tourne au mental car la fatigue devient
pesante et l’estomac un peu capricieux. Les kilomètres sont longs. Le cardio ne
monte plus et il fait encore chaud.
Enfin arrivé au Lac de Balcère, je me
retourne afin de redescendre ce j’ai monté. Certains marchent même en
descente !, je me refais une petite forme en franchissant le semi. Vers le
kilomètre 27, je récupère ma frontale et un coupe-vent. Il est presque 21h et
la nuit va bientôt tomber (comme la température). Ma moyenne a aussi chuté et
je suis dans les 8,5 km/h. je re fais l’aller /retour le long du lac. Même si
rien n’est gagné à 10km de la fin, je sens que l’arrivée n’est plus très loin.
Les encouragements des bénévoles sont bien présents. Enfin il reste 4 km en côte
pour rallier la salle d’arrivé, il est 22h30. Déjà 5h sur le marathon. Cette
dernière montée ‘à travers champs’ du lac au village me permet d’admirer Les Angles
la nuit. Km 40.
Je m’arrête, j’éteins ma frontale. Non pas par fatigue ou
abandon mais juste pour savourer.
Apprécier. Je regarde le village devant
moi ; me retourne et admire le lac de Matenale en contre bas, là où le
départ a été donné il y a plus de 17h… le ciel est étoilé, la nuit est calme, J’arrive
dans le village déjà endormi. Devant la terrasse d’un restaurant, un petit
garçon sur les épaules de son papa m’applaudi en criant « c’est le
champion ! c'est le champion » je me retourne pour lui taper la main
qu’il me tend.
Les yeux brillent. Grosse émotion. Et finalement l’entrée dans
la salle « bleue neige ».
Du calme de la nuit, je bascule dans The
final Countdown que crachent les
enceintes, le speaker hurle mon nom, je monte sur la scène et j’ai droit au
même accueil que nous aurons tous du premier au dernier. Photo, interview, applaudissement…
Classement : 45ème en 17h38
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