mercredi 13 juin 2012


Les aventuriers du bout de Drôme

Mai 2012 – 105 km – 6600 D+

par Arnaud BIHANNIC


Enfin !

Après 6 mois sans compétition, un nouveau boulot, un déménagement au Maroc, et surtout un petit Yanis né en janvier ; me voilà de retour. 
Niveau prépa, j’ai enchaîné un plan semi-marathon sans pouvoir faire de semi, puis un plan marathon sans marathon. J’ai fait quelques sorties D+ mais pour résumer j’ai la vitesse mais manque cruellement de foncier.

Au programme cette année pour commencer, Les Aventuriers du bout de Drôme : 100 km dans le Sud Vercors, à Crest, avec 6600m de D+, un départ de nuit  et des montées annoncées de 30 à 50% dont un col avec 1000m d’ascension non-stop. Une course qui pique !

Avec moi, mon infatigable Felix avec une prépa plutôt light puisqu’après un marathon de Paris en 2h46 il a « juste » fait l’Ardéchois la semaine dernière et pour se détendre lundi il est partit aux 25 bosses…no comment quand on sait que l’énergumène nous allume en séance de seuil alors qu’il a fait un 80 bornes la veille… bref un Felix avec la Grosse Patate.



Samedi 11 mai, 3h30, nuit noire, 20°, le départ est donné en mode « neutralisé » jusqu’au pied du donjon de Crest avant de lâcher les chevaux. Avec Félix la technique est simple, 100 bornes c’est très (très) long, on décide donc d’y aller tranquillement dès le début. On laisse partir les fous devant et on se met en queue de peloton sans chercher à dépasser à tout prix. Compte tenu du profil de la course, il faut essayer d’arriver frais au 65ème, là où les difficultés commencent vraiment.
Cette technique s’avère payante puisqu’on monte sereinement et notre vitesse sur le plat associée à de bonnes descentes nous font remonter petit à petit pas mal de concurrents. Ainsi, les premiers kilomètres passent rapidement le long des balcons qui surplombent la vallée du Rhône et nous pouvons admirer le lever de soleil sur les crêtes drômoises.


Km 25, un gentil panneau nous annonce la première vraie difficulté : Montagne de La Raye, 700m de D+ sur 10km - pente à 30%. Ça passe plutôt bien et après avoir atteint la Tour de Barcelone, nous montons doucement le long de la crête avec une vue à couper le souffle sur la vallée.
               

Quelques concurrents sont assis et admirent la vue. Ils sont surtout déjà bien entamés physiquement et je me demande comment ils vont finir. Il est vrai qu’avec cette chaleur, les montées à flanc de colline, sans arbre, sont très douloureuses. D’ailleurs c’est avec stupeur que je vois qu’il n’est que 10h du matin ! J’ai l’impression d’être en plein milieu de l’après-midi. Ça fait quand même 5h de course déjà.
Je suis pour l’instant assez content, malgré mon manque de prépa sur le long, je tiens la distance et surtout je sens que nous gérons très bien cette course avec Felix. On a fait le yoyo avec la 2ème féminine avant de la distancer après un passage plat-descente et on récupère petit à petit pas mal de concurrent mais en s’approchant tout doucement. Preuve d’une course bien menée jusque maintenant.

 

On se pose souvent faire quelques photos et admirer cette magnifique région. Quelques passages sont tout simplement somptueux et nous rappellent pourquoi nous aimons faire ce genre de connerie. Des paysages à couper le souffle, une course Nature avec un grand « N », où vous entendez la vie s’éveiller à l’aube, où le soleil éclaire petit à petit ces sentiers et ces chemins cachés qui vous permettent d’être spectateurs des merveilles que notre planète offre. Oui la nature j’aime ça !

Bon la nature c’est beau mais on a une course à finir nous ! On repart côté Est avec une agréable descente vers le ravitaillement de Cobonne (km 40). C’est sec avec quelques racines mais rien de méchant. Ca n’empêchera pas une bonne glissade du Nono sur le ventre, tête en haut. Un vraie merde quoi ! Pas de bobo grave mais un genou douloureux qui va m’embêter jusque la fin.

Avec Felix, une seule phrase nous revient à la bouche : « C’est plat là, on court ?! ». On se motive et relance systématique de la machine ce qui nous permet de maintenir une moyenne générale très honorable de 7km/h depuis le début de la course. Je me lâche même sur quelques portions pour accélérer…heureusement les radars en pleine forêt nous rappellent à l’ordre !

Nous passons le village de Mirabel-et-Blacons (km 50) avant d’attaquer la montée des Essarts. Ils avaient précisé lors du briefing que des anciens concurrents faisaient encore des cauchemars à propos de cette montée…comme je les comprends. Une montée TERRIBLE (500mD+ en 2km) en ligne droite avec des portions à 50%. Nous sommes quasiment à l’arrêt. Je me mets derrière Felix et fixe ses pieds. Un pas après l’autre, chaque mètre n’est que souffrance.

Pour couronner le tout, nous sommes à sec, plus une goutte d’eau dans le camel. Nous croisons un concurrent à l’arrêt et lui aussi à sec, c’est l’hécatombe ! Je suis complètement vidé, Felix me hurle dessus pour me faire avancer mais ça pique trop ! On serre les dents et on aperçoit enfin le sommet. Vite on file dans la descente pour trouver de l’eau….ahhh on a soif !

Heureusement une gentille randonneuse nous porte assistance et nous file un peu de boisson énergétique de son camel…ouf sauvés ! On peut continuer (avec grande prudence) sur cette descente bien pentue pour rejoindre ENFIN le village de Saillans (Km 65) après 10h de course environ…et pas du tout FRAIS !!

Ici, contrôle « sanitaire » obligatoire. Je commence à baisser mon short pour le toucher rectal mais on me signale qu’on ne prendra que ma tension, tant mieux ! La tension est bonne et nous profitons du ravito avec Felix pour se restaurer tranquillement et tenter de se réhydrater. 

Nous croisons Stéphane Couleau dit UltraSteph, un grand nom du trail qui a dû abandonner dès le début à cause d’une vilaine blessure. Apparemment il y a déjà pas mal d’abandon et on serait dans les 20 premiers…popopo…As usual, la résistance est notre première force avec Felix.

Je me fais interpeller par un coureur qui vient de finir la course de 65km et qui me demande si c’est bien moi qu’on voit dans une interview sur le DVD UTMB 2011. Oui oui monsieur c’était moi… « Je t’ai reconnu, elle était top ton intervention »...Ah ben ça fait plaisir ça !

On repart de Saillans avec le moral et il ne manquait qu’une bonne soupe pour que ce ravito soit parfait. Difficile cependant de se réhydrater après cet épisode. On marche un petit moment avant de pouvoir de nouveau courir…enfin trottiner plutôt.

Au loin on aperçoit les 3 becs mais avant d’y arriver il nous faut passer la montée des rochers de Cresta ; totalement en sous-bois donc très agréable même si quelques passages sont très abrupts et piquent les jambes.

KM 75 – Village des Auberts - On profite de la fontaine au pied des 3 becs pour faire le plan avant d’attaquer ce monstre de 1000 m D+ avec des portions à 40-50%. Nous partons en groupe avec Thomas de UFO et Stéphane avec qui nous jouons au yoyo depuis un moment. Je passe en tête de notre petit groupe de 4 et me mets en mode robot. Le cerveau est débranché et je mets un pied devant l’autre. Un effort silencieux et interminable de 2h. J’entends derrière moi les respirations profondes et douloureuses de mes compagnons de route. Certaines parties sont terribles, des murs de racine et de pierres à franchir. Je souffre et passe derrière, Felix me tire, me pousse pour atteindre le sommet et le rocher trouée bien nommé le « Trou de la Laveuse ».
Je suis vidé, complètement mort et il reste…30 bornes gloups !


        
Petite pause salvatrice en haut des 3 becs. Je m’assois, les genoux douloureux et essaye de m’alimenter. Il ne me reste pas grand-chose d’ailleurs. On s’arrête 10 bonnes minutes le temps de faire quelques photos, manger un peu et surtout retrouver du jus avant d’attaquer la terrible descente de « La Combe de Saou ». Une descente de 10 bornes dans une ravine surplombée des falaises des 2 côtés et bourrée de feuilles et de cailloux. Un plaisir pour les chevilles. Ça descend fort avec Thomas en tête et je m’arrache pour ne pas décrocher du groupe et atteindre le ravito du 88ème.

Je prends la première chaise qui passe pour me poser, mon genou est en feu. Les articulations souffrent et surtout je suis vidé, j’avance au mental et surtout grâce à super Felix qui a l’air très bien. Il est marqué certes mais ça avance fort, quelle puissance ! Il est le premier du groupe à relancer et prends la tête dans toutes les montées.
Par contre, nous restons en groupe. Dès qu’un coup de moins bien ou un petit bobo apparaît, on ralentit tous la cadence dans l’optique de se motiver, se relancer et finir ensemble. Cela donne une motivation supplémentaire et finalement personne n’ose ralentir le groupe, du coup ça avance fort ! On bascule de nouveau sur la vallée en passant par le Pas du Faucon, dernière grosse difficulté et dernière grosse descente qui va finir d’achever mes genoux et mes ongles ! Et merde encore !!!
On reprend même un nouveau concurrent au dernier ravito (95km) et nous voilà repartit pour les 10 dernières bornes. 2 coups de cul pour (nous) finir avant de redescendre sur Crest.


21h - La nuit commence à tomber ; on accélère, galvanisés par l’arrivée. Ma petite maman et mon beau-père sont là pour nous pousser sur les derniers mètres. Un dernier effort, un dernier souffle et nous franchissons la ligne tous ensemble main dans la main. 17h30 de course, nous sommes finisher ! 14ème ex-aequo au classement général…avec 91 partants et 42 arrivées…POPOPOPO !


L’arrivée se fait sur le podium face à une salle pleine entre les familles, les coureurs des autres courses et les premières arrivées. Une super ovation pour notre groupe Elite.
Le massage est salvateur même si je douille sévèrement sur la table des podologues obligés (encore) de me percer l’ongle avec un bel hématome sous-unguéal. Allongé, je fais un rapide bilan de ma course :

Les + :
-          Une course bien gérée avec un départ tranquille, des relances systématiques et des montées à l’économie
-          Pas de pression sur la course, on y est allé pour le plaisir et on a profité
-          Le mental, toujours là pour finir même quand il reste 30 bornes et que tous les voyants sont au rouge, les ongles en sang, les genoux en feu et déshydratés.

Les - :
-             Un manque de foncier clair qui fait que mes genoux ont trinqués
-          Un manque d’étirement selon le kiné. C’est vrai qu’avec le nouveau taf, les enfants, la nouvelle vie peu de temps pour les entrainements donc dur de caser les étirements…pas bien !
-          Des ongles pas bien préparés. Pas le temps pour les séances de podo non plus !


Nos Temps :

Contrôle
Heure Passage
Tps
Clt
Vit moy


Ourches - km 13,00
05:20:00 (12-05)
01:35:57
34
8,12 km/h

Barcelone - km 25,00
06:48:50 (12-05)
03:04:47
24
8,10 km/h

Cobonne - km 40,00
09:12:32 (12-05)
05:28:29
26
6,26 km/h

Saillans - km 65,00
13:23:56 (12-05)
09:39:53
17
5,96 km/h

Samarins - km 68,00
13:49:00 (12-05)
10:04:57
15
7,18 km/h

Arrivée
21:17:10 (12-05)
17:33:07
14
4,28 km/h

Les stat globales :
Engagés : 91
Partants : 84
Abandons : 42
Hors délai : 0
Disqualifiés : 0
Arrivés : 42
Nb en course : 0

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