Les aventuriers du
bout de Drôme
Mai 2012 – 105 km – 6600 D+
par Arnaud BIHANNIC
Enfin !
Après 6 mois sans compétition, un
nouveau boulot, un déménagement au Maroc, et surtout un petit Yanis né en
janvier ; me voilà de retour.
Niveau prépa, j’ai enchaîné un plan semi-marathon
sans pouvoir faire de semi, puis un plan marathon sans marathon. J’ai fait
quelques sorties D+ mais pour résumer j’ai la vitesse mais manque cruellement
de foncier.
Au programme cette année pour
commencer, Les Aventuriers du bout de Drôme : 100 km dans le Sud Vercors,
à Crest, avec 6600m de D+, un départ de nuit
et des montées annoncées de 30 à 50% dont un col avec 1000m d’ascension
non-stop. Une course qui pique !
Avec moi, mon infatigable Felix
avec une prépa plutôt light puisqu’après un marathon de Paris en 2h46 il a
« juste » fait l’Ardéchois la semaine dernière et pour se détendre
lundi il est partit aux 25 bosses…no comment quand on sait que l’énergumène
nous allume en séance de seuil alors qu’il a fait un 80 bornes la veille… bref
un Felix avec la Grosse Patate.
Samedi 11 mai, 3h30, nuit noire,
20°, le départ est donné en mode « neutralisé » jusqu’au pied du donjon
de Crest avant de lâcher les chevaux. Avec Félix la technique est simple, 100
bornes c’est très (très) long, on décide donc d’y aller tranquillement dès le
début. On laisse partir les fous devant et on se met en queue de peloton sans
chercher à dépasser à tout prix. Compte tenu du profil de la course, il faut
essayer d’arriver frais au 65ème, là où les difficultés commencent vraiment.
Cette technique s’avère payante
puisqu’on monte sereinement et notre vitesse sur le plat associée à de bonnes
descentes nous font remonter petit à petit pas mal de concurrents. Ainsi, les
premiers kilomètres passent rapidement le long des balcons qui surplombent la
vallée du Rhône et nous pouvons admirer le lever de soleil sur les crêtes drômoises.
Km 25, un gentil panneau nous
annonce la première vraie difficulté : Montagne de La Raye, 700m de D+ sur
10km - pente à 30%. Ça passe plutôt bien et après avoir atteint la Tour de
Barcelone, nous montons doucement le long de la crête avec une vue à couper le
souffle sur la vallée.
Quelques concurrents sont assis
et admirent la vue. Ils sont surtout déjà bien entamés physiquement et je me
demande comment ils vont finir. Il est vrai qu’avec cette chaleur, les montées
à flanc de colline, sans arbre, sont très douloureuses. D’ailleurs c’est avec
stupeur que je vois qu’il n’est que 10h du matin ! J’ai l’impression
d’être en plein milieu de l’après-midi. Ça fait quand même 5h de course déjà.
Je suis pour l’instant assez
content, malgré mon manque de prépa sur le long, je tiens la distance et
surtout je sens que nous gérons très bien cette course avec Felix. On a fait le
yoyo avec la 2ème féminine avant de la distancer après un passage plat-descente
et on récupère petit à petit pas mal de concurrent mais en s’approchant tout
doucement. Preuve d’une course bien menée jusque maintenant.
On se pose souvent faire quelques
photos et admirer cette magnifique région. Quelques passages sont tout
simplement somptueux et nous rappellent pourquoi nous aimons faire ce genre de
connerie. Des paysages à couper le souffle, une course Nature avec un grand
« N », où vous entendez la vie s’éveiller à l’aube, où le soleil
éclaire petit à petit ces sentiers et ces chemins cachés qui vous permettent
d’être spectateurs des merveilles que notre planète offre. Oui la nature j’aime
ça !
Bon la nature c’est beau mais on
a une course à finir nous ! On repart côté Est avec une agréable descente
vers le ravitaillement de Cobonne (km 40). C’est sec avec quelques racines mais
rien de méchant. Ca n’empêchera pas une bonne glissade du Nono sur le ventre,
tête en haut. Un vraie merde quoi ! Pas de bobo grave mais un genou
douloureux qui va m’embêter jusque la fin.
Avec Felix, une seule phrase nous
revient à la bouche : « C’est plat là, on court ?! ».
On se motive et relance systématique de la machine ce qui nous permet de
maintenir une moyenne générale très honorable de 7km/h depuis le début de la
course. Je me lâche même sur quelques portions pour accélérer…heureusement les
radars en pleine forêt nous rappellent à l’ordre !
Nous passons le village de
Mirabel-et-Blacons (km 50) avant d’attaquer la montée des Essarts. Ils avaient
précisé lors du briefing que des anciens concurrents faisaient encore des
cauchemars à propos de cette montée…comme je les comprends. Une montée TERRIBLE
(500mD+ en 2km) en ligne droite avec des portions à 50%. Nous sommes quasiment
à l’arrêt. Je me mets derrière Felix et fixe ses pieds. Un pas après l’autre,
chaque mètre n’est que souffrance.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJgV-nSTbIeKUHEdnIy3gJMbbP4LWbWEjxO2Rv9wezCCR5bA75uKymMvqRLAITSEdVZSSmG6ud71vjziTTv9k_cRa3pNDwkD-8Ofq1zeuEXg-re-qaFUdgwBxZ6W163ZTha3hrhDrRAE5Z/s200/Drome7.jpg)
Heureusement une gentille
randonneuse nous porte assistance et nous file un peu de boisson énergétique de
son camel…ouf sauvés ! On peut continuer (avec grande prudence) sur cette
descente bien pentue pour rejoindre ENFIN le village de Saillans (Km 65) après
10h de course environ…et pas du tout FRAIS !!
Ici, contrôle « sanitaire »
obligatoire. Je commence à baisser mon short pour le toucher rectal mais on me
signale qu’on ne prendra que ma tension, tant mieux ! La tension est bonne
et nous profitons du ravito avec Felix pour se restaurer tranquillement et
tenter de se réhydrater.
Nous croisons Stéphane Couleau dit UltraSteph, un
grand nom du trail qui a dû abandonner dès le début à cause d’une vilaine
blessure. Apparemment il y a déjà pas mal d’abandon et on serait dans les 20
premiers…popopo…As usual, la résistance est notre première force avec Felix.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEge1T8EyRkVr6g2M4EA-23_oU3xWNXRXMDfCDWTbALSKMx2r4O6LpW1fjx0X3qJOt254s3uyRurvMOX5rFyjQzrAcxe4zgzAnLMdt-tTK20QxjNV7_1gS2KEtiilzVFgQpiX8JqKP9-iBB6/s200/Drome8.jpg)
On repart de Saillans avec le moral et il ne manquait qu’une bonne soupe pour que ce ravito soit
parfait. Difficile cependant de se réhydrater après cet épisode. On marche un
petit moment avant de pouvoir de nouveau courir…enfin trottiner plutôt.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNLgyFlkdxvnwp50DyKJgig9vrMwnct6rGc_vNwhA5otCqo_9ynYPu5PxPdMPG0JVTTZ49PZ54bGm-zkiNErr2e8QeHl3n00tkDodVuh5OyKS260yYf6M3oPKDDFoCVmJS5I83OzfvYVXZ/s200/Drome9.jpg)
KM 75 – Village des Auberts - On
profite de la fontaine au pied des 3 becs pour faire le plan avant d’attaquer
ce monstre de 1000 m D+ avec des portions à 40-50%. Nous partons en groupe avec
Thomas de UFO et Stéphane avec qui nous jouons au yoyo depuis un moment. Je
passe en tête de notre petit groupe de 4 et me mets en mode robot. Le cerveau
est débranché et je mets un pied devant l’autre. Un effort silencieux et
interminable de 2h. J’entends derrière moi les respirations profondes et
douloureuses de mes compagnons de route. Certaines parties sont terribles, des
murs de racine et de pierres à franchir. Je souffre et passe derrière, Felix me
tire, me pousse pour atteindre le sommet et le rocher trouée bien nommé le
« Trou de la Laveuse ».
Je suis vidé, complètement mort
et il reste…30 bornes gloups !
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9p5jUNVjmk29e7Be19wMg1PEg277rJ8fumuFayqxbHKp63UASJ-YxoSBy8GCAU745vMr3pU3HjILNmtK5TdfRmCu4pv4zzfmRQOHJ3KJszEnhI56LH7ArCXTzKJQ0eMkhSILawfpNECoP/s200/Drome11.jpg)
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCikGr_TIBrKOWmlGJ51l-L2w1Z0d6k5SdG1vYy_mmhkaxBW9yWdmdB4CunYb9-ZtdPIdkeR9ri6l__Cj_zAEXEVHYsznYFH1mxJ0qvgV1CWLJhn7PM3ufLOeHn2BQsOVCKxdktKiW1WwQ/s200/Drome10.jpg)
Je prends la première chaise qui
passe pour me poser, mon genou est en feu. Les articulations souffrent et
surtout je suis vidé, j’avance au mental et surtout grâce à super Felix qui a
l’air très bien. Il est marqué certes mais ça avance fort, quelle
puissance ! Il est le premier du groupe à relancer et prends la tête dans
toutes les montées.
Par contre, nous restons en
groupe. Dès qu’un coup de moins bien ou un petit bobo apparaît, on ralentit
tous la cadence dans l’optique de se motiver, se relancer et finir ensemble.
Cela donne une motivation supplémentaire et finalement personne n’ose ralentir
le groupe, du coup ça avance fort ! On bascule de nouveau sur la vallée en
passant par le Pas du Faucon, dernière grosse difficulté et dernière grosse
descente qui va finir d’achever mes genoux et mes ongles ! Et merde
encore !!!
On reprend même un nouveau
concurrent au dernier ravito (95km) et nous voilà repartit pour les 10
dernières bornes. 2 coups de cul pour (nous) finir avant de redescendre sur
Crest.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinwK3OWmpQ4vOPM56Y-zRjAuTJ3uAc_0ATWDVfCcRKU2aRaXEyLXaf5PkeHPgpJ0CRt3XdXGPAMwShhJSuiOqT90sQNW9m68UISlseAw_8ZsqBI-Or927bJ8QJhi9S9rl51ws8sZ7-uPyX/s200/Drome12.jpg)
L’arrivée se fait sur le podium
face à une salle pleine entre les familles, les coureurs des autres courses et
les premières arrivées. Une super ovation pour notre groupe Elite.
Le massage est salvateur même si je douille sévèrement sur la table
des podologues obligés (encore) de me percer l’ongle avec un bel hématome
sous-unguéal. Allongé, je fais un rapide bilan de ma course :
Les + :
-
Une course bien gérée avec un départ tranquille,
des relances systématiques et des montées à l’économie
-
Pas de pression sur la course, on y est allé
pour le plaisir et on a profité
-
Le mental, toujours là pour finir même quand il
reste 30 bornes et que tous les voyants sont au rouge, les ongles en sang, les
genoux en feu et déshydratés.
Les - :
- Un manque de foncier clair qui fait que mes
genoux ont trinqués
-
Un manque d’étirement selon le kiné. C’est vrai
qu’avec le nouveau taf, les enfants, la nouvelle vie peu de temps pour les
entrainements donc dur de caser les étirements…pas bien !
-
Des ongles pas bien préparés. Pas le temps pour
les séances de podo non plus !
Nos Temps :
Contrôle
|
Heure Passage
|
Tps
|
Clt
|
Vit moy
|
|
Les stat globales :
Engagés
: 91
|
Partants
: 84
|
Abandons
: 42
|
Hors délai
: 0
|
Disqualifiés
: 0
|
Arrivés
: 42
|
Nb en course
: 0
|
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