En m’inscrivant au Marathon de Berlin, je cherchais :
- Un marathon faisant partie du « World Marathon Majors », compétition regroupant six marathons majeurs dans le monde, avec Londres, NYC, Boston, Chicago, Tokyo et donc Berlin.
- Un marathon « roulant », urbain, propice à la performance. Sur ce point, Berlin est le « must » avec les six derniers records du monde de la discipline qui ont été battus sur ce tracé.
- Une ville permettant de réaliser du tourisme avant la course. Berlin est une capitale Européenne remplie d’histoire, avec le mélange de l’Est et de l’Ouest.
Après 3 jours à visiter la ville et plus de 40Km à piétiner dans
les grandes avenues et musées de Berlin, j’avais hâte d’en découdre avec moi-même.
Réveil à 06H le dimanche, première fois avant un marathon
que j’arrive à dormir correctement (il a fallu du temps, c’est mon 11ième
marathon), pour prendre mon petit déjeuner 3 heures avant le départ.
07H, je quitte l’hôtel situé à 4Km de la ligne de départ.
Les rues de Berlin sont quasiment désertes, au fur et à mesure que j’approche,
je rencontre de plus en plus de coureurs. Nous sommes quand même 40 000
participants au départ ! L’émotion et l’adrénaline commencent à monter,
c’est pour des moments comme ça que je cours et que j’ai toujours cette motivation,
malgré les douleurs du matin, au moment de réaliser mes premiers pas.
09H, je rentre dans mon SAS, 15 minutes avant le départ.
L’émotion continue de monter, avec la présentation des coureurs élites. La
course à pied est bien un des rares sports où professionnels et amateurs
peuvent s’affronter. Avant le coup de sifflet, je n’étais qu’à quelques mètres
de Kenenisa Bekele, grand champion et futur vainqueur de l’épreuve en 2H03’03’’,
deuxième meilleure performance de tous les temps.
Je vérifie les derniers détails (triple nœuds à mes chaussures, ordre
de mes gels, positionnement de ma ceinture porte gels…) et je valide
définitivement mon plan de course suite à mes sensations lors de l’échauffement
(faire moins de 2h40’55’’, mon précédent record).
Au coup de pistolet, je vois déjà s’éloigner à une vitesse folle les
premiers, à plus de 20Km/h. Je me cale sur ma vitesse de croisière (plus de
16Km/h quand même J)
et cherche dans quel groupe je vais faire un bon bout de chemin. Je me concentre sur ma respiration, ma
posture (tête bien droite, le regard lointain) et sur ce qui est déterminant
pour les derniers kilomètres : l’hydratation durant les différents
ravitaillements.
Les kilomètres passent sans que je m’occupe de mes temps de passage
au 5Km, 10Km et 20Km. Je passe au semi en 1h17’35’’, soit 50’’ de plus que
mon record sur semi. A ce moment, je me dis « waouh » soit je vais
le payer au 30ième Km en me prenant le mur de plein fouet, soit ça
passe et je bats mon record.
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Le temps passe avec les kilomètres qui défilent mais aussi avec le
niveau de fatigue musculaire qui augmente.
Habituellement embêté par des crampes aux mollets vers le 35Km, cette
fois rien à signaler, juste une petite alerte au dernier virage avant la
ligne droite de l’arrivée.
Quelle surprise en voyant de loin le temps affiché sur le chronomètre
officiel au-dessus de l’arrivée !
Je savoure cette dernière ligne droite avec les encouragements de la
foule massée sur les derniers mètres.
Je franchis la mythique porte de Brandebourg, quelques centaines de
mètres avant l’arrivée.
Je finis ce marathon en 2h37’35’’ (206ième position),
record battu !!! J’ai certes les jambes lourdes mais je finis dans un
niveau de fraicheur inhabituel. Je me dis que tous les sacrifices durant
l’été et la souffrance des séances d’entrainement durant ces 10 dernières semaines
de préparation sont récompensés.
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Après quelques accolades avec d’autres coureurs ravis d’en
avoir fini, les ravitaillements habituels de fin de course, je découvre que je
suis bien en Allemagne et plus particulièrement à la fête de la bière. Je me
laisse alors tenter par une pinte bien fraiche et trinque volontiers avec
d’autres finishers.
Ce marathon est vraiment une référence en termes
d’organisation, de public (un million de spectateurs le long du parcours) et d’ambiance
(plus de 70 orchestres).