MONTAGN’HARD 2012 – 110km – 10 000 D+
Par Arnaud BIHANNIC
Alors que JeF, alias Jefounet, blessé,
vient de renoncer à participer au Trail du Ventoux, il recherche activement une
compensation et nous entraîne tous sur l’édition 2012 de la Montagn’Hard début
juillet.
Pas totalement remis de mon Ironman (CR ici) bouclé 2 semaines avant et déjà la
tête dans la PTL, je prends la course (un peu trop) à la légère. Ce n’est que
la veille, en analysant le profil de la course, que je prends conscience de
l’ampleur de la bête : plus de 10 000 mètres de D+ sur 110 bornes
environ avec le passage de 13 Cols, soit plus que l’UTMB himself. Un monstre
pour résumer.
Après une nuit reposante dans un
chalet aux pratiques douteuses à St Nicolas de Véroce, nous sommes tous
là : La PTL team en préparation à savoir : moi, Felix et le
prez ; THE JEF (on comprendra pourquoi après) ; Christophe
alias Marc Dorcel et Benoit, the desert Man. Guillaume lui, est inscrit sur la
course des bébés (ie le 68 bornes).
Jef, Felix, le prez et moi restons
groupés en ce début de course. On s’attend, on prend notre temps et profitons
au maximum de la course qui nous fait passer par ces endroits magnifiques.
Première grosse descente très
agréable en sous-bois qui nous fait redescendre au pied du glacier du
Bionnassay pour ensuite nous faire emprunter la passerelle du même nom avant
d’attaquer le Col du Tricot.
La montée est raide, pas de lacet,
on monte droit dans la pente. Le prez commence à tirer la langue et nous
décidons de passer le col et de l’attendre au refuge plus bas. Nous profitons
de l’excellent ravito du chalet Miage avec un accueil sensationnel de la part
des bénévoles. Boisson énergétique, saucisson, cocaaaaaaaaaaaaa !
Le prez arrive enfin et on le presse pour rapartir dans la montée vers le refuge du Truc. Encore une fois grosse montée sous la chaleur.
Le prez arrive enfin et on le presse pour rapartir dans la montée vers le refuge du Truc. Encore une fois grosse montée sous la chaleur.
Descente vers les Contamines via le
chemin menant au Col du Bonhomme. Ça fait bizarre de prendre ce chemin en
descente et de jour. Le prez est au plus mal. Blessé à la main il se traîne
pour arriver aux Contamines où des gamins sont en pleine compétition de saut à
ski …sur gazon…
Bonne pause aux Contamines avant de
repartir direction le Mont Joly. Je prends la tête dans la première partie de
la montée avec un Jef en super forme qui ne semble même pas forcer. J’essaye de
faire bonne figure et ne pas laisser échapper le moindre signe de faiblesse.
Merde c’est qui le boss ! Felix attend le prez et nous les distançons. Nous
arrivons à mi-chemin et regardons en contrebas où l’on voit arriver Félix en
boulet de canon. Nous repartons ensemble sur les dernières pentes du Joly. Le
prez, lui, ne tiendra malheureusement pas la montée du Mont-Joly et bifurquera
sur le parcours du 68km. Un jour sans.
Jefounet, lui, pète le feu, en tête
dans toutes les montées, il nous impressionne et surtout nous met une pression
énorme. Moi et Felix on tire la langue. L’Ironman a laissé des traces
invisibles, une fatigue latente qui va nous peser toute la course.
La montée du Joly est terrible avec des passages en pierrier à 20/30% à 2500m d’altitude. J’ai le palpitant qui danse la samba et il me faudra plusieurs minutes pour rejoindre Jef en mode pause transat et me remettre une fois en haut. La descente n’est pas mal non plus – 1000m one shot, les adducteurs en feux.
La montée du Joly est terrible avec des passages en pierrier à 20/30% à 2500m d’altitude. J’ai le palpitant qui danse la samba et il me faudra plusieurs minutes pour rejoindre Jef en mode pause transat et me remettre une fois en haut. La descente n’est pas mal non plus – 1000m one shot, les adducteurs en feux.
Le calvaire commence, la nuit
approche, km 75, nous passons (le terrible) col de la fenêtre, une montée
interminable pour passer dans un trou de souris (enfin une fenêtre) et basculer
pleine nuit dans le Beaufortin.
Cerveau mode Off, silence radio,
j’avance. Je m’accroche dans la descente pour ne pas perdre mes compagnons de
route qui m’attendront gentiment aux ravitos.
Une des pires nuits qu’il m’a été
donné de vivre. Je suis KO debout, mes yeux se ferment dans la montée du Col de
Very. Felix également est pâle et avance « tout seul » alors que
Jefounet est tout pimpant en pleine discussion avec notre nouveau compagnon de
route Alain.
Tellement dans leur conversation d’ailleurs, qu’il loupe une bifurcation et iront se perdre quelque minutes dans les champs. Cela nous permet avec Felix de les reprendre et même les dépasser « AH AHAH on les a bien niqué »!...oui à partir d’une certaine heure l’esprit sympa du trail disparaît ;)
Tellement dans leur conversation d’ailleurs, qu’il loupe une bifurcation et iront se perdre quelque minutes dans les champs. Cela nous permet avec Felix de les reprendre et même les dépasser « AH AHAH on les a bien niqué »!...oui à partir d’une certaine heure l’esprit sympa du trail disparaît ;)
Le froid se fait de plus en plus présent
malgré les GoreTex et les gants, la pluie nous fouette le visage et les plaques
d’ardoise sur le sol glissent terriblement. Entre les passages de boue, les névés,
les torrents d’eau, la progression devient difficile voire dangereuse avec les
1000m de devers sur notre droite.
Toutes les alarmes sont au rouge,
on avance au moral alors que le jour tarde à se lever. Surtout, nous croyons
voir le ravito en contrebas mais il nous semble qu’aucun chemin n’y amène. Enfin,
après un virage, le ravito (le vrai) est là. Nous nous engouffrons dans la
tente.
Le spectacle est désolant, une
dizaine de personnes sont là, livides. La course a été neutralisée compte tenu
des conditions météos. Nous sommes donc bloqués avec nos compères en attente
des instructions du PC course.
J’enlève tout le matos, goretex,
gants et me réchauffe à la soupe. La première féminine est dans cette tente et
a décidé d’abandonner. On retrouve également Jean-Philippe, il était classé 14ème
mais a eu une grosse défaillance et a lui aussi décidé d’abandonner. Enfin
c’était sans compter Felix qui le traîne dehors et l’oblige à repartir.
Après 1h d’arrêt et le rebalisage
de l’organisation, nous sommes autorisés à repartir sur le parcours de repli.
Le passage sur les arrêtes Croche est fermé par contre ils nous font passé
droit dans la pente pour arriver au Joly, une pente terrible qui finit
d’achever mes tendons. Sympa pour un repli.
Nous longeons l’arrête du Joly
avant de redescendre sur St-Nicolas. Nous sommes tous dans un piteux état mais
vivants et finisher de ce monstre !